Assister à un opéra de Monteverdi, c’est aller aux sources de la musique classique. Laissons couler en nous la musique de Monteverdi, elle a une sorte de pureté originelle qui donne l’impression de nous purifier.
Nous avons entendu à Aix-en-Provence le Retour d’Ulysse de ce compositeur. C’est l’apothéose finale du festival de cette année.
Dommage que ce spectacle n’ait pas été représenté au Théâtre de l’Archevêché ! Cela aurait pu donner lieu à une représentation grandiose. Les possibilités du petit Théâtre du Jeu de Paume où il a été monté ne sont pas les mêmes. Les décors, ici, sont réduits à des panneaux noirs que l’on déplace selon les scènes et à un long tube de néon qui sert de trait d’union entre le monde des dieux et celui des mortels. Grâce à un jeu d’acteurs intelligent et précis et à un admirable jeu de lumières, le metteur en scène Pierre Audi (qui est aussi le directeur du festival) parvient quand même à donner une consistance à ce spectacle.
Mais c’est au niveau musique que la jubilation est totale. La musique est servie par une distribution vocale admirable (supérieure à celle de l’autre opéra baroque représenté cette année à Aix-en-Provence, le très beau Samson ). L’orchestre Capella Mediterranea de Leonardo Garcia-Alarcon est de toute première qualité. Ah, le soin que met le chef Alarcon à arrondir ses phrasés, à négocier ses ralentis, à étirer ses fins de phrase !
Du côté des chanteurs, ce n’est pas une liste qu’on vous donne mais un palmarès, car tous méritent des lauriers !
Le baryton américain John Brancy est un Ulysse parfait à la voix puissante et au torse musclé. Il est aussi crédible en héros qu’en mendiant – lorsqu’il se déguise pour ne pas être reconnu. La mezzo-soprano omanaise Deepa Johnny est une Pénélope admirable par sa voix et son jeu, à la fois femme et reine. La soprano argentine Mariana Flores est touchante en déesse Minerve. Le ténor américain Anthony Leon, lui, met sa voix claire et musicale au service du rôle de Télémaque. La basse américaine Alex Rosen fait vibrer le bronze impressionnant de son chant tandis que le contre-ténor français Paul-Antoine Bénos-Djian déroule joliment ses aigus.
Ah qu’Ulysse a bien fait d’effectuer son retour ! Pénélope en a été ravie. Et le public encore plus !
André PEYREGNE
19 juillet 2024
Direction Musicale : Leonardo García Alarcón
Mise en Scène : Pierre Audi
Scénographie et Lumière : Urs Schönebaum
Costumes : Wojciech Dziedzic
Dramaturgie : Klaus Bertisch
Distribution ;
Ulisse : John Brancy
Penelope : Deepa Johnny
Telemaco : Anthony León
Amore, Minerva : Mariana Flores
Tempo, Antinoo, Nettuno : Alex Rosen
L’umana Fragilità, Anfinomo, Feacio 1 : Paul-Antoine Bénos-Djian
Pisandro, Feacio 2 : Petr Nekoranec
Iro : Marcel Beekman
Eumete, Giove, Feacio 3 : Mark Milhofer
Fortuna, Melanto : Giuseppina Bridelli
Eurimaco : Joel Williams
Orchestre Cappella Mediterranea