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ADN, Intelligence artificielle, Laboratoire et Expérimentations dans la « Walkyrie » à Saarbruecken !!!

ADN, Intelligence artificielle, Laboratoire et Expérimentations dans la « Walkyrie » à Saarbruecken !!!

dimanche 11 février 2024

© Martin Kaufhold

Alexandra Szmeredy et Magdolna Parditka, après leur  Rheingold  l’an passé, présentent leur version de la Walkyrie dans un cadre apocalyptique sur la fin des temps, dans laquelle la recherche génétique est devenue incontrôlable. Wotan, le père des Dieux, dans son laboratoire expérimental, crée ses propres créatures. Il espère trouver le « sérum du super pouvoir » qui remplacera l’anneau comme symbole du pouvoir absolu. On voit même la naissance de jumeaux lors d’une échographie, mais malheureusement, ils furent très vite séparés.

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Thomas Johannes Mayer et Judith Braun ©FricMartin Kaufhold

Dans cette Walkyrie beaucoup de personnages portant des blouses blanches, notent les résultats des tests sur des Ipad en plexiglas, manipulent des seringues et paniquent lorsque les androïdes n’agissent pas comme programmé.

Sieglinde et son frère Siegmund se trouvent ainsi dans deux pièces séparées par une cloison , avec un lavabo et un miroir. Attachés sur des canapés, branchés avec des tubes et des diodes, ils se tordent de convulsions, sous l’effet de la drogue. Sieglinde chante et boit l’hydromel. Elle cherche un médecin parmi les nombreuses souris de laboratoire. Tout cela est très oppressant. Au fur et à mesure, les deux salles s’ouvrent, le couple se retrouve, uni dans leur magnifique duo d’amour et engendrent ainsi le futur Siegfried. Tous ces évènements sont observés depuis des moniteurs géants à l’étage. Fin du premier acte sous des huées de la part du public.

Le second acte nous réserve des moments assez intéressants dans la mise en scène, notamment lors des dialogues Fricka-Wotan-Brünnhilde. C’est ainsi que la dispute conjugale a lieu à la cantine du laboratoire. L’apparition de Fricka interrompt la partie d’échecs de Wotan avec les Walkyries. Son long monologue se déroule devant une table blanche, qui bleuit sur un podium lumineux, évoquant des comparaisons avec des séances de thérapie, surtout que Brünnhilde est assise en face de Wotan.

Mais Brünnhilde, fille illégitime de Wotan, et ses sœurs Walkyries, se rebellent contre Wotan, et tentent de sauver Siegmund et Sieglinde. Mais Siegmund est tué par Wotan, tandis que Brünnhilde parvient à sauver Sieglinde, enceinte, et fait admettre à son père que seul « un héros libre et courageux » peut la conquérir comme épouse après avoir perdu sa divinité, mettant ainsi sa vie en danger.

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@Martin Kaufhold

Dans le dernier acte, les Walkyries, en tenues très puristes noir et blanc, coiffures asymétriques super blondes, se livrent avec plaisir à des tendances sadiques, tuant les personnages qui ont échoué lors des expériences du Laboratoire (en fait, ils n’étaient pas blonds… )

Brüunhilde est déposée dans un sarcophage en verre, qui disparaît derrière une grande porte dotée de grands barreaux, en présence de l’équipe des scientifiques composée du Dr. Hunding, Dr. Freia, Loge et Fricka. On attend, en vain, l’épée de Wälse, la lance de Wotan, et les flammes sensées protéger Brünnhilde, mais Alexandra Szemeredy et Magdolan Parditka ont raconté leur histoire, sans les symboles ….

Heureusement, le point culminant de cette Walkyrie de laboratoire reste « musical et vocal » avec une distribution exceptionnelle tant vocalement que musicalement.

Le chef d’orchestre français Sébastien Rouland a réalisé de véritables miracles avec l’Orchestre de l’État de Sarre, qui a excellé dans tous les pupitres instrumentaux. Sa direction musicale restera dans les mémoires. Il a dirigé cette merveilleuse partition de Wagner avec chaleur et sentiment. L’introduction fougueuse et orageuse fait place à des sons lumineux, d’un caractère plus intime qui entrelaçaient les actes suivants. Il a toujours dirigé avec le souci du détail. Dans des couleurs orchestrales tellement merveilleuses, Sébastien Rouland a contrasté les sons des cordes de manière romantique dans les passages intimes et avec des explosions de cuivres dans les moments orageux. Durant toute l’œuvre de Wagner, sa baguette « magique » a été un accompagnant sensible et à l’écoute des chanteurs.

La soprano lituanienne Viktorija Kamnskaite campe une Sieglinde exceptionnelle et magnifique. Son chant initialement lyrique et expressif s’est progressivement élevé à un épanouissement juvénile et dramatique, contrastant tantôt avec des aigus argentés, tantôt avec des tons plus chauds. En somme, une Sieglinde idéale, pas toujours servie par la mise en scène, dure, cruelle et terrifiante par moments….

A ses côtés, dans le rôle de Siegmund, le ténor autrichien Peter Sonn trouve des tonalités lyriques superbes sans pathos, montrant ainsi ce personnage (jumeau de Sieglinde) dans son ambivalence et sa fragilité.

La soprano estonienne Aile Asszonyi, a chanté avec une bravoure admirable le rôle tellement exigeant de Brünnhilde. Ses nuances étaient riches et chaudes en couleurs. Elle possède un timbre doré, qui dégage une grande sensibilité et un magnifique épanouissement vocal. Du pur bonheur à l’écouter.

La mezzo-soprano Judith Braun a présenté une Fricka excellente, avec une aura majestueuse, élégamment vêtue d’une robe noire et blanche, des boucles d’oreilles scintillantes, mettant en valeur ses arguments féminins qui ont eu raison de Wotan, qui a dû finalement capituler, découragé et impuissant.

Le baryton allemand Thomas Johannes Mayer, couronne sa brillante carrière avec le rôle de Wotan, présentant avec l’énorme expressivité de sa belle voix colorée, de velours et d’airain, un « super-Dieu » par excellence. Il a ennobli les longs monologues intenses avec une intonation impressionnante et une excellente déclamation. Il a aussi su insuffler la chaleur vocale de son timbre dans les passages intimes, surtout dans la relation (très protectrice et paternelle) de père-fille.

La puissance sonore et expressive des basses abyssales, d’un noir absolu de Hiroshi Matsui dans le rôle de Hunding était impressionnante.

L’octuor des Walkyries est sublimée par le chant excellent, d’une beauté inhabituelle d’Elizabeth Wiles, Liudmila Lakichuk, Judith Braun, Maria Polanska, Valda Wilson, Joanna Jaworowska, Clara-Sophie Bertram et Carmen Seibel.

Applaudissements chaleureux et enthousiastes, standing ovation, des huées pour les metteurs en scène, mais somme toute, cette Walkyrie à Sarrebruck était bouleversante et fort intéressante, d’une immense qualité vocale et musicale. On attend la suite de ce Ring avec Siegfried l’année prochaine.

Marie-Thérèse Werling

https://www.staatstheater.saarland/fr/detail/die-walkuere

 

Théâtre National de la Sarre à Saarbruecken le 11 février

Direction musicale : Sébastien Rouland

Mise en scène, scénographie, costumes : Alexandra Szemerédy/Magdolna Parditka

Lumières : Thomas Roscher

Video : Leonard Koch

Dramaturgie : Benjamin Wäntig

Siegmund : Peter Sonn

Sieglinde : Viktorija Kaminskaite

Hunding : Hiroshi Matsui

Wotan : Thomas Johannes Mayer

Brünnhilde : Aile Asszonyi

Fricka : Judith Braun

Gerhilde : Elizabeth Wiles

Ortlinde : Liudmila Lokaichuk Merit / Nath-Göbl

Waltraute : Judith Braun

Schwertleite : Maria Polańska

Helmwige : Valda Wilson

Siegrune : Joanna Jaworowska

Grimgerde : Clara-Sophie Bertram

Rossweiße : Carmen Seibel

Saarländisches Staatsorchester
Statisterie des Saarländischen Staatstheaters

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