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A l’occasion de Cavalleria rusticana et Pagliacci au Bayerische Staatsoper — Extraits de la presse française à l’époque de leur création

A l’occasion de Cavalleria rusticana et Pagliacci au Bayerische Staatsoper — Extraits de la presse française à l’époque de leur création

mardi 3 juin 2025

Les deux opéras, créés respectivement à Rome en mai 1890 pour le premier et à Milan en 1892 pour le second, appartiennent tous deux aux genre vériste. Tous deux furent promus par l’éditeur Eduardo Sonzogno dans des circonstances que la presse française a commentées dans ses colonnes. Voici quelques comptes-rendus contemporains de la création des deux opéras.

Mai 1890 — Création de Cavalleria rusticana au Teatro Costanzi de Rome

Le Figaro, repris par Istanboul (4 juin 1890)

PIETRO MASCAGNI. 

Cavaliera rusticana

    Le correspondant du Figaro à Rome lui adresse la correspondance suivante que nous reproduisons à l’intention de ceux qui soutiennent que le Génie de la musique a déserté son berceau, c’est-à-dire l’Italie. 

    L’Italie est tout à la joie de savoir qu’il lui est né un compositeur de grand talent, d’aucuns disent même déjà de génie. 

    Comme on le sait, M. Sonzogno, l’infatigable éditeur, a pour ainsi dire le monopole des ouvrages français que l’on chante en Italie. Non content d’exploiter ce répertoire avec intelligence et profit, M. Sonzogno, faisant un noble usage de sa grande fortune, a voulu contribuer au réveil de l’art national italien. Persuadé que toute inspiration ne pouvait pas être morte au pays de Donizetti, de Bellini, de Rossini et de Verdi, le propriétaire du Secolo a institué un concours pour un opéra en un acte, entre les jeunes compositeurs italiens, avec promesse de faire représenter les trois meilleurs ouvrages — ou du moins jugés tels par un jury spécial offrant les plus grandes garanties d’impartialité et de compétence.
Un de ces trois ouvrages a déjà été joué avec succès. Cette semaine c’était le tour de Cavalleria Rusticana. 

    —Ne manquez pas d’assister à cette représentation ! me dit M. Sonzogno, avec l’accent d’une profonde conviction. Vous verrez que nous avons trouvé notre Bizet ! 

    Je fus exact au rendez-vous, et j’eus bientôt la preuve que M. Sonzogno ne s’était pas trompé. Aussitôt après l’ouverture, — morceau symphonique plein d’originalité, d’un caractère superbe, et dans lequel la mélodie coule à longs flots, — toute la salle a éclaté en bravos enthousiastes. 

    — L’auteur!… L’auteur! criait-on de toute part. 

   Mais quel ne fut pas l’étonnement des spectateurs, en voyant arriver sur la scène un jeune homme imberbe, timide, gauche à l’excès, plus que modestement vêtu !… — À cette vue, les applaudissements ont redoublé d’intensité. Et la Reine [Margherita Teresa Giovanna di Savoia-Genova, principessa di Savoia] donnait elle-même le signal des bravos les plus énergiques. 

    Celui qui était l’objet de ces chaleureuses ovations se nomme Pietro Mascagni. Il est né à Livourne, d’une famille pauvre. Envoyé à Milan pour y faire ses études musicales, il travailla dix-huit mois environ sous la direction de Ponchielli, au Conservatoire. Puis, comme il fallait gagner sa vie, il accepta d’aller diriger des opérettes, pendant deux ou trois ans, dans de petits théâtres de province. Entre temps, tourmenté de plus nobles ambitions, notre jeune musicien piochait avec ardeur le contre-point, la composition ; et, pour connaître plus à fond les ressources de l’orchestre, il jouait personnellement du violon, du violoncelle, de la contrebasse… et de bien d’autres instruments encore. 

    Quelque temps après, nous le retrouvons à Cerignola, province de Foggia, comme directeur de la Société philharmonique, aux modiques appointements de cent francs par mois. Et avec cela marié, père de deux enfants !… 

    Ainsi vivait — si l’on peut appeler cela vivre — le jeune Pietro Mascagni, quand il reçut le livret de Cavalleria Rusticana. Cinquante jours lui ont suffi pour en écrire la musique, tout en continuant à donner sept heures de leçons, journellement, aux élèves de la Philharmonique de Cepignola ! Et cette partition, il l’a écrite sans le secours d’un piano, ni même d’un métronome. Aussi, il faut l’entendre naïvement avouer combien grande était son inquiétude quand il fut mandé à Rome pour y exécuter son ouvrage devant le jury. 

   — Je tremblais de tous mes membres, dit-il, en arrivant là sans la moindre recommandation, complètement inconnu, et ne sachant pas quel effet mes compositions produiraient au piano. 

    Les membres du jury pourraient, à leur tour, convenir qu’ils furent étrangement impressionnés, au premier abord, par ce grand garçon à la figure de séminariste, dégingandé à la façon d’un collégien qui n’aurait pas encore entièrement fini sa croissance. 

     J’ai dit l’effet produit sur le public par l’ouverture de Cavalleria Rusticana ; le reste de l’ouvrage se maintient à çette hauteur. C’est une musique empoignante, essentiellement dramatique, où se révèle déjà un maître à l’imagination puissante et riche d’inspirations mélodiques. Le succès a été prodigieux. 

    Voilà quatre fois qu’on donne Cavalleria Rusticana, et les ovations ont été non moins enthousiastes que le premier jour. à chaque représentation, l’auteur est plusieurs fois rappelé par un public en délire. L’autre soir, après cinq rappels consécutifs, le pauvre garçon s’est évanoui, en proie à une indicible émotion.

    Pourvu qu’il ne se laisse pas griser par ces triomphes inattendus ! Les admirateurs de M. Pietro Mascagni saluent en lui, un peu prématurément peut-être, l’héritier des gloires de Verdi ; et complaisamment ils font remarquer que le jeune compositeur a vingt-six ans, tout juste l’âge qu’avait le futur auteur d’Aïda quand il écrivit son premier ouvrage.

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Le Ménestrel du 13 juillet 1890

Le jeune Pietro Mascagni continue d’être le héros du jour en Italie. Nous allons emprunter au compte rendu du concours Sonzogno, publié par le Teatro illustrato, quelques renseignements sur ce jeune artiste, qu’on ne lira pas sans quelque intérêt. 

    M. Pietro Mascagni est le fils d’un boulanger de Livourne; il rencontra d’énormes difficultés dans son dessein de se consacrera la musique, et après avoir reçu à Livourne des leçons de MM. Pratesi et Soffredini, il devint élève de M. Saladino au Conservatoire de Milan, où il resta deux ans, grâce à l’aide matérielle du comte de Larderai, mais sans cependant finir le cours régulier de ses études. Il parcourut alors diverses villes comme chef d’orchestre de plusieurs compagnies d’opérette qui se disloquaient l’une après l’autre, jusqu’à ce que, il y a trois ans, il acceptât les fonctions de chef de la Société philharmonique de Gerignola, petite ville située entre Foggia et Bari. Ayant eu connaissance du concours Sonzogno seulement deux mois avant le terme fixé pour celui-ci, il résolut pourtant de tenter l’épreuve, et obtint de deux de ses amis de Livourne le livret de Cavalleria rusticana, modelé sur le drame bien connu de Verga. Ce livret lui parvenait petit à petit, par menues rations de quelques vers qui lui étaient adressés sur cartes postales. Quant à la partition, elle fut écrite sans l’aide d’un piano, que le compositeur ne possédait pas, et elle arriva au concours l’une des dernières, le jour même fixé comme dernière limite aux envois. Cette partition produisit sur le jury une impression extraordinaire, cette impression ne fit que s’accroître encore à l’audition de l’orchestre, et l’on sait enfin que l’œuvre obtint auprès du public un succès de véritable enthousiasme. Depuis un mois on la traite à Rome de chef-d’œuvre. Nous ne saurions dire ici ce qu’il en faut penser, mais il n’est pas inutile de rapporter ce mot d’un des membres du jury et assurément des plus qualifiés, M. Giovanni Sgambati, qui s’écriait, en parlant de la partition de M. Mascagni: « Toute discussion est impossible à propos de cette musique, qui fascine et qui émeut. » En réalité, il semble bien qu’un musicien nouveau est né à l’Italie, et que son avenir est assuré.

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Alfio menace Turiddu. Source : Gallica

Il pensiero di Nizza [traduction], le 25 mai 1890

Un triomphe retentissant. 

    À Rome, on ne parle plus de tripartite ; on ne parle plus d’alliances, ni de crises ministérielles ; depuis une semaine, la politique est interdite à Rome. Dans la capitale de l’Italie, plus de désordre ; tous les esprits sont animés du même enthousiasme pour un jeune homme qui s’est soudain révélé être un grand maître, dans une œuvre magistrale qui suscite l’admiration unanime de tous les Italiens. 

   « Nous avons le maître », s’exclame la Riforma, « et nous avons le mélodrame. Nous avons le mélodrame, parce que cette Cavalleria rusticana est le fruit d’une conception sûre, complète, parfaitement organique ; nous avons le maître, parce que de son œuvre émane une conscience, une volonté, un naturel que seuls possèdent les prédestinés. 

    « Certes, le pressentiment de tout un public, des amateurs et des maîtres de l’art, n’est pas trompé, puisque la justesse du jugement favorable, du jugement enthousiaste, est déjà incontestablement prouvée par ce premier échantillon. » 

    Il n’y a qu’une seule note dans tous les journaux de Rome et d’Italie, la note de l’admiration la plus pure, la plus sincère, la plus enthousiaste. L’opéra à succès s’intitule Cavalleria rusticana, et est tiré d’une œuvre de Verga, qu’une troupe italienne a également jouée à Nice. Voici comment le marquis d’Arcais en parle dans son Opinione : 

    ” À la fin de l’opéra, Mascagni et les excellents artistes qui l’avaient chanté reçurent l’une des ovations les plus impressionnantes dont je me souvienne. La Reine venue l’interpréter applaudit, les dames dans les loges applaudirent aussi ; et dans les parterres et les gradins, les spectateurs se levèrent, avec des cris enthousiastes, décernant les honneurs du triomphe à Cavalleria rusticana. J’ai rarement vu une telle unanimité dans le public. Ce fut un cri d’admiration général.

L’opéra commence par un prélude entrecoupé d’une sérénade sicilienne, que Turiddu chante, comme je l’ai déjà dit, rideau baissé. Il reprend de belles phrases du duo dramatique de Tariddu avec Santuzza. C’est une pièce originale, à la forme rapide, orchestrée avec des effets orchestraux vraiment étranges. Nous voulions la réentendre. Nous avons aimé le chœur des paysans, lui aussi orchestré de façon étrange. J’aime moins le chant d’Alfio ; c’est peut-être le pire morceau. Mais la musique reprend immédiatement avec le magnifique choral, qui se conclut par une pièce concertante pleine de vigueur. C’est ici que se trouve l’une des plus belles pages de l’opéra : l’histoire de Santuzza, où la musique épouse si étroitement les paroles et où la force de la passion est telle que le public, à plusieurs reprises, n’a pu contenir son émotion, même au prix d’interrompre la pièce. La beauté de ce récit est même surpassée par celle du duo de Santuzza avec Taridddu. Rarement la musique a trouvé des accents aussi chaleureux ; rarement le drame a été exprimé musicalement avec une telle puissance. 

    Au milieu de ce duo si dramatique, une idée digne d’un artiste de génie : le stornello [refrain populaire de trois vers, généralement sur un thème amoureux] de Lola vient interrompre la conversation de Santuzza avec son ancien amant. Et lorsque Lola s’en va, la flûte de l’orchestre, accompagnée de quelques pizzicatos, reprend le stornello, qui prend ainsi un caractère d’ironie méprisante. Voilà un coup de pinceau d’un grand maître. Et on en trouve plusieurs dans Cavalleria rusticana. Le duo entre Santuzza et Alfio est de moindre valeur ; il pourrait peut-être être raccourci. L’intermezzo symphonique qui suit est une pièce magistrale d’un effet prodigieux. 

    Une phrase grandiose est jouée par les violons, accompagnée par l’orchestre et les harpes. L’effet est irrésistible ; ce morceau aussi était souhaité être repris. De ce point jusqu’à la fin, l’œuvre progresse avec un crescendo continu de beauté de premier ordre et d’émotion intense.

    Les prières des paysans à leur sortie de l’église sont d’une douceur et d’une délicatesse exquises. Le toast de Turiddu (également répété) est vif et brillant, sans trivialité. Vient ensuite la scène du défi, et la musique prend des tons terribles. Les mots que Turiddu adresse à Alfio, l’adieu à sa mère, comptent parmi les plus belles inspirations de l’opéra. Et la scène du meurtre, et le rugissement du chœur qui accompagne le cri : Ils ont tué Turiddu, repris par le cri déchirant de Santuzza, clôturent ce chef-d’œuvre d’une manière insurpassable. 

   D’Arcais ajoute que Mascagni possède une veine mélodique extrêmement abondante ; tout est spontané et spontané dans sa musique ; aucune réminiscence, et souvent un caractère original et franchement personnel. L’auteur de Cavalleria rusticana a la note puissamment dramatique, la note élégiaque, la note gaie et brillante. La palette instrumentale est très riche. 

     “Au cri déchirant par lequel se termine Cavalleria Rusticana — écrit Fracassa — « Ils ont tué compar Turiddu », le public répondit par un autre cri : « Nous avons découvert Maestro Mascagni ! ». Sgambati — un maestro au sens le plus élevé du terme — quittant la répétition générale de l’opéra, dit à d’Arcais : « Cette musique n’est pas sujette à discussion ; c’est une musique qui fascine et qui émeut. »

    La Tribuna écrit : « La deuxième représentation de Cavalleria rusticana a confirmé avec éclat et solennité le succès de la première. Le Costanzi était bondé hier soir comme on en voit rarement. » « Un spectacle public noble et magnifique qui démontre combien sont absurdes et fausses les théories que les impuissants s’empressent de développer contre le public italien, car celui-ci est sans égal lorsqu’il s’agit d’accueillir et d’encourager les véritables manifestations artistiques. » « Le fait est que ces manifestations artistiques sont bel et bien vraies. Lorsque le Maestro Mugnone a levé sa baguette pour commencer, dans la grande salle, ce fut comme une attente religieuse, une vibration électrique d’enthousiasme, un frisson de sympathie touchante. On pouvait voir, on pouvait sentir que chacun de ces spectateurs ardents avait une branche de palmier à la main et un cri d’hosanna au cœur, à lancer au moment opportun dans la gloire au jeune maestro triomphant. Et ces moments ne tardèrent pas à arriver. Du prélude à la fin, sans interruption, on pourrait dire qu’il n’y eut que des acclamations. » Et l’enthousiasme ne venait pas seulement du public, mais aussi des artistes sur scène, et même des chefs d’orchestre. « Les artistes ont saisi le jeune maestro dans les coulisses et l’ont amené sous les projecteurs, souriant et joyeux, tandis que les chefs d’orchestre posaient leurs instruments et se levaient, émus, pour battre des mains et lancer des hourras affectueux. « J’espère, pour le bonheur de l’art italien, que de nombreux triomphes accompagneront le maestro Mascagni sur le chemin qu’il a si courageusement emprunté. Mais aucun triomphe, je crois, ne lui sera plus cher, plus doux et plus agréable que celui d’hier soir. » « Le public s’est laissé aller à la joie des applaudissements sans retenue, certain que ses encouragements porteraient d’excellents fruits. »

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PAGLIACCI

Le Ménestrel Juin 1892

Allons-nous voir se renouveler les prodiges et les fureurs de Cavalleria rusticana ? On le croirait presque. Nous avons annoncé l’apparition, au théâtre Dal Verme de Milan, d’un opéra en un acte, i Pagliacci, paroles et musique de M. Riccardo Leoncavallo. Mais la première représentation, qui avait constaté un succès très vif et très honorable, menaçait de n’avoir pas de lendemain, malgré la présence de M. Maurel parmi les interprètes, malgré trois morceaux bissés, malgré vingt et un rappels au compositeur. En effet, la seconde, affichée, et qui avait attiré la foule, ne pouvait avoir lieu, parce que l’orchestre et les chœurs, impayés de leur dernière semaine, refusaient leur office si on ne leur donnait point d’argent. Si bien que malgré la présence d’un public énorme, le spectacle n’eut pas lieu. C’est alors que M. Sonzogno, dit la providence des compositeurs, arriva comme un Deus ex machina. M. Sonzogno reprit la suite des affaires du Dal Verme, et donna six autres représentations à i Pagliacci  qui obtinrent un succès fou, si bien qu’à la dernière, après avoir rappelé trente fois déjà l’auteur, le public, à l’issue de la pièce, resta pendant dix minutes dans la salle, l’acclamant encore, le redemandant, et réclamant de nouvelles représentations de l’ouvrage, dont, cette fois, trois morceaux avaient été bissés et un trissé. Les choses en sont là. 

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    — Qu’est-ce donc que ce rival inattendu que M. Mascagni semble devoir trouver devant lui ? M. Riccardo Leoncavallo, hier inconnu, aujourd’hui en passe devenir célèbre, est un jeune homme de trente-deux ans environ, né à Naples, où il a fait ses études au Conservatoire, ayant pour professeurs M. Beniamino Cesi pour le piano, M. Ruta pour l’harmonie et Lauro Bossi pour la composition. À dix-sept ans il obtenait son diplôme de sortie. Il avait à peine vingt ans qu’il écrivait les paroles et la musique de son premier opéra, Chatterton — car il est de ceux qui croient que le musicien doit être absolument son propre librettiste. Il ne put réussir à faire jouer celui-ci. Il se mit alors à voyager en donnant des leçons, alla successivement à Rome, à Florence, à Venise, puis agrandit son horizon, et visita l’Allemagne, l’Angleterre et la France. Il a de hautes visées, et a conçu un projet grandiose : celui de réduire en une vaste trilogie toute la Renaissance italienne, s’attaquant ainsi à une sorte de poème épique musical. Pour cela, il s’est mis à étudier la littérature et l’histoire ; « aujourd’hui, dit un journal italien, il est devenu un bon poète, qui sait interpréter Dante et Shakespeare en même temps que Rossini et Wagner. » En fait, il a déjà terminé, paraît-il, la première partie de cette trilogie ? Il aura pour titre les Médicis. Voilà ce que nous savons, à l’heure preste, de M. Riccardo Leoncavallo. Est-ce un grand homme qui s’annonce. Chi lo sà ? En tout cas, le. succès de son petit opéra i Pagliacci l’a mis en évidence, il a pour mécène et pour protecteur M. Edouard Sonzogno, et il a toutes les chances pour arriver. L’avenir se chargera de nous le faire connaître plus intimement.

 

service pnp ppmsca 57900 57993v1893 Revue de famille

    Pagliacci est un drame lyrique dont la donnée est celle-ci. Une troupe de saltimbanques arrive dans un village de Calabre pour y donner des représentations.

    Le bouffon de la troupe, amoureux éconduit de la femme du Paillasse, surprend celle-ci au moment où elle donne rendez-vous à son amant, le jeune Silvio. Pour se venger, il s’en va tout conter au mari qui arrive trop tard pour voir qui est le séducteur de sa femme, mais assez tôt pour entendre celle-ci lui donner un rendez-vous. Il veut la tuer, mais il est désarmé et se prépare à la représentation. Il se trouve que les amours de Colombine et d’Arlequin, qui trompent Paillasse, reproduisent en bouffonnerie tous les incidents de sa mésaventure, et le malheureux mari, oubliant qu’il joue la comédie et ne se souvenant que de son malheur, prend son rôle au sérieux et tue sa femme devant les spectateurs épouvantés. L’un d’eux, cependant, voyant tomber Colombine, s’élance pour la protéger ; mais Paillasse l’a vu. Il a deviné en lui le séducteur et il l’étend mort à ses pieds d’un coup de couteau en s’écriant : La Commedia è finita.

    Sur ce livret dont il est l’auteur, M. Leoncavallo a écrit une partition d’un très grand mérite, où l’on trouve la science musicale la plus grande, réunie à l’inspiration la plus heureuse. La musique suit et explique le scénario auquel elle s’adapte merveilleusement, dont elle rend les sentiments, dont elle complète l’expression. Le premier acte, qui finit sur le sublime cri de douleur de Paillasse, obligé de faire rire les autres alors qu’il a la mort dans l’âme, est traité dans la manière allemande ou wagnérienne ; le second acte, au contraire, est écrit dans une verve plus mélodique, plus italienne en un mot, et c’est peut-être celui que le public a préféré. Il a semblé mieux venu, mieux inspiré que le premier. Mais l’un et l’autre sont fort beaux et Pagliacci est une œuvre très remarquable, de même que M. Leoncavallo est, dès à présent, placé par cet ouvrage au premier rang des jeunes compositeurs italiens contemporains.

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© Geogffroy Schied

Et aujourd’hui à Munich

Mai 2025. L’opéra de Munich vient de jouer la première d’une nouvelle production du diptyque Cavalleria rusticana / Pagliacci. La mise en scène a été confiée à Francesco Micheli qui fait ses débuts à la Bayerische Staatsoper. Daniele Rustioni est au pupitre. Jonas Kaufmann chante le Bajazzo.

BR-Klassik (la chaîne de la radio bavaroise) a effectué un enregistrement audio de la première. Il est actuellement disponible à l’écoute via https://www.br-klassik.de/programm/radio/ausstrahlung-3762894.html

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