Nocturne : ce beau mot qui a inspiré Chopin et tant d’autres compositeurs a été choisi par la pianiste Christine Gastaud, professeur au conservatoire de Nice, pour donner un titre au festival de piano qu’elle a créé l’an dernier en un lieu inattendu, l’Hippodrome de Cagnes-sur-Mer. Ce festival des « Nocturnes du piano » est soutenu par le Conseil départemental des Alpes-Maritimes. Lorsque le soleil se couche, la musique se lève sur un horizon de touches blanches et noires. Et les musiques de Beethoven, de Liszt ou Debussy nous enveloppent de leur magie nocturne.
En prélude au festival (qui commencera le 28 juin), Christine Gastaud a donné rendez-vous aux mélomanes en un lieu également inattendu : l’église Saint Roch à Nice. Son curé, Gil Florini, qui aime la musique et est chanteur lui-même, lui a ouvert les bras. Un piano à queue Fazioli, fourni par la célèbre maison de pianos niçoise Guglielmi, a été placé devant l’autel et en avant la musique !
En tant que lauréats en 2023 du grand Concours Samson François, le pianiste coréen Gyutae Ha et le pianiste japonais Teppei Kuroda vinrent dérouler leurs sonates de Schubert et de Liszt. Le second fut particulièrement impressionnant.
Mais nous retiendrons de cette soirée les prestations de deux Niçois : une artiste qui est encore une enfant, Lucie Lebacc’h, âgée de… 11 ans, et un concertiste déjà accompli, Théo Fouchenneret. Lucie Lebacc’h est un phénomène. La façon enjouée, souple, virtuose, étincelante, avec laquelle elle a interprété les célèbres variations Abegg de Schumann fut étonnante. A 11 ans, elle s’apprête à passer en classe de Première à Nice, ce qui prouve qu’à tous niveaux elle appartient à la race des surdoués. En musique, ses dons sont coachés par un couple bien connu de professeurs niçois, Nicolas Bringuier et Olga Monakh. Tels profs, telle élève !
Quant à Théo Fouchenneret, il nous offrit un bouquet de Nocturnes de Fauré. Ce jeune pianiste a sous les doigts l’élégance, la sensibilité et la virtuosité qui conviennent au style de la « musique française ». En cette année où on célèbre le centenaire de la mort de Gabriel Fauré, il vient de faire sortir un disque que l’on vous conseille, consacré précisément aux Nocturnes de ce compositeur, présenté dans un beau livret – un disque édité par la Dolce Volta, avec le soutien de la Cité de la musique à Paris et le célèbre Concours international de Genève dont il est un des vainqueurs.
Les « Nocturnes du piano » font… la lumière sur de bien beaux talents.
André PEYREGNE
21 juin 2024
