Quand l’époque n’est pas franchement drôle, on aime chanter et écouter de l’opérette !!! Voilà pourquoi Diana Damrau et Nikolai Schukoff présentent une soirée en duo avec des airs et des scènes d’opérettes parisiennes, viennoises et berlinoises. Et tout cela avec la magnificence sonore de l’époque de leur création, lorsque ces œuvres dites « légères » rivalisaient encore avec le grand opéra en termes de style et d’opulence avec la NDR Radiophilharmonie sous la baguette bien inspirée et légère de Dirk Kaftan.
En route pour deux heures rêves – l’amour, le paradis sur terre – avec des étapes à Vienne, Paris et Berlin !!!
C’est tout naturellement que le voyage débute avec l’ouverture de la Chauve-Souris de Johann Strauss, emportée dans un tourbillon impressionnant par le chef Dirk Kaftan à la tête de la NDR RadioPhilharmonie. D’ailleurs, les autres pièces orchestrales de la soirée sont caractérisées par l’esprit et le tempérament : de la « Champagner Polka », des « Csardas », du « Ritter Pàsmàn », de la polka « Eljen a Magyar » , toutes de Johann Strauss, au « Can-Can final » de Jacques Offenbach.
Dirk Kaftan avec la NDR RadioPhilharmonie nous ont régalés avec ce programme endiablé qui a atteint des sommets enivrants dès les premières mesures et cela jusqu’à la fin. Le chef s’est dépensé avec une expressivité impulsive dégageant une vigueur dynamique.
La « Star » de la soirée est bien sûr Diana Damrau, un véritable régal pour les yeux et les oreilles. Avec une robe fleurie, très colorée, d’une beauté radieuse, Diana Damrau, pleine de vie, de verve de légèreté et d’une finesse pétillante, a interprété des extraits de Friederike, Paganini, Zigeunerliebe, opérettes de Franz Lehàr. Elle est l’opérette dans toute sa splendeur, elle chante, fredonne, gazouille même, comme dans un jardin paradisiaque.
Dans les duos, elle est merveilleusement accompagnée par le ténor autrichien Nikolai Schukoff, dont on a pu apprécier sa voix puissante, très colorée, de velours et tellement solaire. Normal, car il fait une percée internationale dans les rôles de Parsifal à Barcelone, Tristan à Toulouse, Don José à Baden-Baden, et sera Sigurd à Marseille en 2025. Sa voix, bien placée et rayonnante, brille non seulement dans les duos avec sa partenaire, mais également dans les « solos » extraits de Gräfin Mariza de Kàlmann, de la Veuve Joyeuse, Paganini de Franz Lehàr…. Il est pétillant comme du bon champagne !!!
Non seulement, les deux artistes chantent divinement, mais ils dansent, jouent la comédie, changent de tenues à chaque nouvel air d’opérette, et tout cela dans un rythme effréné !!!
Diana Damrau est terriblement séductrice dans sa robe en dentelle noire, avec une fleur rouge dans les cheveux, lorsqu’elle aborde son air de Zigeunerliebe de Franz Lehàr.
Ils savent être tendres, amoureux dans le duo « Komm mit mir ins chambre séparée » extrait de l’Opernbal de Heuberger.
Diana Damrau sait être extrêmement drôle dans son air de La Périchole de Jacques Offenbach « Je suis un peu grise ».
A l’issue de ces deux heures de mélodies à travers l’opérette, nos deux artistes ont enflammé le Festspielhaus de Baden-Baden et enchanté le public.
Un dernier bis vient clore cette soirée de rêve avec « Heure Exquise » extrait de la Veuve Joyeuse de Franz Lehàr, sur un air de valse langoureuse !!!!
Oui, l’opérette est un genre de théâtre musical complet. C’est tout simplement bénéfique en cette période de bouleversements tendus.
Oui, l’opérette mérite une bien meilleure réputation.
Elle a été mise en valeur et honorée ce soir, grâce à la pétillante Diana Damrau, à Nikolai Schukoff, son partenaire idéal, à la NDR RadioPhilharmonie et à son dynamique chef, Dirk Kaftan.
Marie-Thérèse Werling
5 mai 2024
