L’ouvrage de Jacques Offenbach inspiré d’Alfred de Musset Fantasio est de retour à la salle Favart.
Ce fut un échec cuisant en 1872 ; la situation politique en France – peu stable – ainsi que les difficultés financières du musicien aboutirent à un enterrement immédiat de cette opérette, plus proche de l’opéra, qui ne rencontra pas son public.
Il aura fallu attendre le début des années 2000 pour qu’elle soit partiellement reconstituée et ainsi présentée dans une forme inédite.
Cette production mise en scène par Thomas Jolly nous avait été proposée en 2017 au Châtelet (pendant les travaux de rénovation du théâtre).
Nous affirmons dès à présent qu’elle n’a en rien perdu de son brillant, bien que les deux rôles-titre aient changé.
Gaëlle Arquez (Fantasio) reprend l’emploi tenu par Marianne Crebassa et Jodie Devos (Elsbeth) celui de Marie-Eve Munger.
Nous les avons tout autant appréciées que leurs devancières : en témoignent les chaleureux applaudissements récoltés à la fin du spectacle.
Elles parviennent toutes les deux au sommet d’un parcours brillant au sein du monde lyrique, familières du lieu qui les a accueillies à de maintes occasions par les saisons passées. Gaëlle dans Carmen ou bien dans Le Comte Ory, Jodie dans Le Timbre d’argent, La Nonne sanglante ou encore dans Les Mousquetaires au couvent.
Franck Leguérinel reprend son emploi du Roi de Bavière, Jean-Sébastien Bou celui du Prince de Mantoue.
François Rougier, qui incarne Marinoni, est également régulièrement invité à l’Opéra-comique (Ciboulette, Le Domino noir, Lakmé…).
Anna Reinhold (Flamel), Thomas Dolié (Sparck) et Matthieu Justine (Facio) – pour ne citer qu’eux – complètent cette belle distribution.
La magie opère dès notre entrée dans le théâtre, décoré pour l’occasion aux couleurs de Fantasio (en jaune et noir). Le fougueux chef Laurent Campellone dirige l’Orchestre de chambre de Paris et le chœur Aedes, dans un tourbillon de lumières et d’effets spéciaux dont seul Thomas Jolly a le secret !
Ce dernier bénéficie d’une aura particulière, alternant théâtre, opéra et comédie musicale (Starmania triomphant actuellement à l’affiche) ; il nous surprend et nous fascine à chaque fois dans ses présentations – toujours spectaculaires.
L’année se termine en beauté à l’Opéra-Comique (malgré une décevante Fille de Mme Angot), la reprise du Macbeth underworld de Pascal Dusapin ayant constitué une belle redécouverte… mise en scène par le même Thomas Jolly !
Philippe Pocidalo,
19 décembre 2023
