Par chance, la mobilisation obligatoire des jeunes Russes a cessé. Nikolaï Kuznetsov, pianiste vainqueur des Masters de Monaco en 2021, a donc échappé au départ sur le front de l’Ukraine. Il a pu se remettre devant son clavier et recommencer ses tournées de concerts. C’est bien pour lui – c’est même vital. Mais c’est également magnifique pour ceux qui l’écoutent. Car il est un fascinant pianiste.
Le public qui l’a entendu à l’Opéra de Nice a été transporté.
Le concert était organisé par le Cercle Wagner Rive Droite de Nice en collaboration avec la Salle Gaveau à Paris. Le pianiste a été accueilli par Yves Courmes, président du Cercle Wagner niçois, en présence de Chantal et Jean-Marie Fournier – ces deux bienfaiteurs de la musique en France qui, dans les années quatre-vingt, ont racheté la Salle Gaveau à Paris pour empêcher qu’elle ne devienne… un parking ! Ils ont ainsi sauvé un bout d’Histoire de la musique. On ne les remerciera jamais assez.
La virtuosité de Kuznetsov est stupéfiante. Il fallait entendre ce déferlement de gammes dans l’Etude révolutionnaire de Chopin, dans la « Caverne de la montagne » de Peer Gynt de Grieg, ainsi que dans un étourdissant arrangement d’« Adios Nonino » de Piazzola. En l’entendant, je pensais à ce « vol de feu » qu’évoque Victor Hugo dans son poème les Djinns. Il y avait quelque chose de flamboyant et presque surnaturel dans son jeu. Mais, au-delà de sa performance technique, lorsque cet artiste à allure de gentil jeune homme se mit à nous faire des déclarations d’amour au travers d’une Consolation de Liszt, d’une valse de Chopin ou encore de la Sonate au clair de lune de Beethoven, il sut atteindre notre cœur.
Avec son prénom de tsar, Nicolas Kuznetsov a tout pour conquérir les grands claviers du monde.
André PEYREGNE
12 décembre 2023