Pour les articles qui suivent, la critique ne peut se situer ici au même niveau qu’en France et il faudrait trouver d’autres mots pour qualifier les spectacles que l’on peut voir en Autriche par rapport à la plupart de ceux qui nous sont proposés dans notre pays sur le triple plan des interprètes, de la mise en scène, et des orchestres.
Chez nous l’opérette essaie tant bien que mal de survivre avec – à quelques exceptions près – toujours les mêmes titres, un nombre d’interprètes restreint et, dans la majorité des cas, de faibles moyens. Par ailleurs l’ostracisme dont font preuve tant les élites culturelles que les directeurs de nos grandes maisons lyriques, qui portent, pour la plupart d’entre eux, un regard condescendant sur le genre, ne permet à l’opérette d’occuper qu’en parent pauvre le paysage lyrique de l’Hexagone. Dans ces conditions, et au surplus, rien d’étonnant à ce que dans notre pays – contrairement aux autres – une cloison étanche se soit dressée entre opéra et opérette, les interprètes de Gounod, Berlioz ou Massenet dédaignant généralement de se produire dans un genre qu’ils considèrent mineur. Rien d’étonnant non plus à ce que le répertoire se soit réduit comme peau de chagrin à quelques titres, sempiternellement les mêmes.
Ces quelques considérations préalables – au demeurant bien connues de la plupart de nos lecteurs – permettront de comprendre quel abîme nous sépare de nos proches voisins autrichiens qui ont érigé l’opérette en véritable institution et qui ont su préserver leur très large répertoire
Quelques exemples éclaireront le propos. Lorsque la France s’arc-boute sur un nombre de titres extrêmement restreint et des représentations également limités en nombre, le Festival Lehár de Bad Ischl a affiché pour l’été 2023 : 14 représentations de Madame Pompadour de Leo Fall, 16 représentations de Der Vogelhändler (L’Oiseleur) de Carl Zeller et 4 représentations de Schön ist die Welt (Le Monde est beau) de Franz Lehár et propose pour l’été 2024 : 17 représentations de Der Bettelstudent (L’Etudiant pauvre) de Carl Millöcker, 12 représentations de Märchen im Grand Hotel (Contes de fées au Grand Hôtel) de Paul Abraham et 4 représentations de Der Sterngucker (L’Astronome) de Franz Lehár. Le choix éclectique et sortant des sentiers battus est particulièrement éloquent ! Et rajoutons que l’on joue à guichets fermés ce qui vient démontrer l’amour que portent les autrichiens pour leur patrimoine musical et en particulier pour le lyrique léger.
L’engouement d’un très vaste public pour l’opérette et la multiplicité de théâtres ou de festivals qui y sont consacrés engendrent sans nul doute de nombreuses vocations d’artistes dans le genre opérette dans un pays où elle jouit des mêmes faveurs que l’opéra. C’est ainsi que le ténor Thomas Blondelle, qui au Festival de Bad Ischl à successivement interprété les rôles masculins de Princesse Czardas, Sang Viennois et Le Monde est beau, poursuit parallèlement une brillante carrière dans le répertoire de Mozart, Verdi, Wagner ou Berg et ce dans de prestigieux théâtres. Il en va de même au Festival de Baden pour le ténor Iurie Ciabanu, qui était cette année le protagoniste du Comte de Luxembourg de Lehár et qui sera l’année prochaine à l’affiche de Princesse Czardas de Kálmán, que l’on peut également entendre dans Arnold de Guillaume Tell de Rossini, Radames dans Aida de Verdi ou encore dans Canio dans Paillasse de Leoncavallo … et les exemples sont ainsi nombreux pour une kyrielle d’artistes.
Rajoutons une politique discographique intense : au Festival de Bad Ischl sur seulement les 3 dernières années trois CD : Clo Clo, Les Femmes viennoises et Le Monde est beau (trois œuvres rares Franz Lehár) font témoignage d’enregistrements sur le vif (une dizaine sur les années précédentes).
Ainsi se poursuit la riche tradition entretenue dans les pays germaniques par les plus fameux chefs comme Karajan, Böhm Kleiber ainsi que par les plus célèbres interprètes de Mozart ou Wagner comme Gedda, Schwarzkopf, Kollo, Streich, Schock, Rothenberger, Prey, Janowitz, Jérusalem, Stratas etc. qui ont voulu s’illustrer dans l’opérette en laissant des témoignages légendaires, fort heureusement préservés par le CD ou le DVD.
Chez nous l’opérette essaie tant bien que mal de survivre avec – à quelques exceptions près – toujours les mêmes titres, un nombre d’interprètes restreint et, dans la majorité des cas, de faibles moyens. Par ailleurs l’ostracisme dont font preuve tant les élites culturelles que les directeurs de nos grandes maisons lyriques, qui portent, pour la plupart d’entre eux, un regard condescendant sur le genre, ne permet à l’opérette d’occuper qu’en parent pauvre le paysage lyrique de l’Hexagone. Dans ces conditions, et au surplus, rien d’étonnant à ce que dans notre pays – contrairement aux autres – une cloison étanche se soit dressée entre opéra et opérette, les interprètes de Gounod, Berlioz ou Massenet dédaignant généralement de se produire dans un genre qu’ils considèrent mineur. Rien d’étonnant non plus à ce que le répertoire se soit réduit comme peau de chagrin à quelques titres, sempiternellement les mêmes.
Ces quelques considérations préalables – au demeurant bien connues de la plupart de nos lecteurs – permettront de comprendre quel abîme nous sépare de nos proches voisins autrichiens qui ont érigé l’opérette en véritable institution et qui ont su préserver leur très large répertoire
Quelques exemples éclaireront le propos. Lorsque la France s’arc-boute sur un nombre de titres extrêmement restreint et des représentations également limités en nombre, le Festival Lehár de Bad Ischl a affiché pour l’été 2023 : 14 représentations de Madame Pompadour de Leo Fall, 16 représentations de Der Vogelhändler (L’Oiseleur) de Carl Zeller et 4 représentations de Schön ist die Welt (Le Monde est beau) de Franz Lehár et propose pour l’été 2024 : 17 représentations de Der Bettelstudent (L’Etudiant pauvre) de Carl Millöcker, 12 représentations de Märchen im Grand Hotel (Contes de fées au Grand Hôtel) de Paul Abraham et 4 représentations de Der Sterngucker (L’Astronome) de Franz Lehár. Le choix éclectique et sortant des sentiers battus est particulièrement éloquent ! Et rajoutons que l’on joue à guichets fermés ce qui vient démontrer l’amour que portent les autrichiens pour leur patrimoine musical et en particulier pour le lyrique léger.
L’engouement d’un très vaste public pour l’opérette et la multiplicité de théâtres ou de festivals qui y sont consacrés engendrent sans nul doute de nombreuses vocations d’artistes dans le genre opérette dans un pays où elle jouit des mêmes faveurs que l’opéra. C’est ainsi que le ténor Thomas Blondelle, qui au Festival de Bad Ischl à successivement interprété les rôles masculins de Princesse Czardas, Sang Viennois et Le Monde est beau, poursuit parallèlement une brillante carrière dans le répertoire de Mozart, Verdi, Wagner ou Berg et ce dans de prestigieux théâtres. Il en va de même au Festival de Baden pour le ténor Iurie Ciabanu, qui était cette année le protagoniste du Comte de Luxembourg de Lehár et qui sera l’année prochaine à l’affiche de Princesse Czardas de Kálmán, que l’on peut également entendre dans Arnold de Guillaume Tell de Rossini, Radames dans Aida de Verdi ou encore dans Canio dans Paillasse de Leoncavallo … et les exemples sont ainsi nombreux pour une kyrielle d’artistes.
Rajoutons une politique discographique intense : au Festival de Bad Ischl sur seulement les 3 dernières années trois CD : Clo Clo, Les Femmes viennoises et Le Monde est beau (trois œuvres rares Franz Lehár) font témoignage d’enregistrements sur le vif (une dizaine sur les années précédentes).
Ainsi se poursuit la riche tradition entretenue dans les pays germaniques par les plus fameux chefs comme Karajan, Böhm Kleiber ainsi que par les plus célèbres interprètes de Mozart ou Wagner comme Gedda, Schwarzkopf, Kollo, Streich, Schock, Rothenberger, Prey, Janowitz, Jérusalem, Stratas etc. qui ont voulu s’illustrer dans l’opérette en laissant des témoignages légendaires, fort heureusement préservés par le CD ou le DVD.
Christian Jarniat