Les mélomanes français et étrangers ont connu, jadis, les grandes heures du Festival de quatuors à cordes du Pays de Fayence, dans le Var, qui, créé il y a trente et un ans, fut l’un des festivals européens les plus importants consacrés à ce répertoire. Il se déroulait dans les églises historiques des villages perchés du Haut Var. Les plus grands quatuors internationaux s’y sont produits.
Au bout de deux décennies, la manifestation a flanché. Allait-elle mourir ?
Après des années difficiles, certains maires (pas tous) décidèrent de la faire revivre.
Ils ont choisi comme directeur artistique Frédéric Audibert, très bon violoncelliste niçois dont la carrière internationale s’effectue à la fois en musique classique et musique baroque, et qui est d’autre part professeur au Pôle d’enseignement supérieur d’Aix-en-Provence.
Pour ses trente-et-un ans, le festival a repris vie. Il s’est déroulé dans les villages de Callian, Montauroux, Seillans, Tourrettes, Mons, Saint-Paul-en-Forêt, dont la visite, au travers des monts boisés du Haut Var, est un régal touristique.
Les concerts ont fait églises pleines. Et avec des programmes qui, parfois, n’étaient pas faciles : quatuors de Janá?ek, de Bartok, de Zemlinsky et même – ce qui place ce festival parmi les grands – des créations mondiales.
Pendant quatre jours se succédèrent des moments de bonheur : on fut ému par la caresse d’un quatuor de Mendelssohn entendu joué par le Quatuor Schuppanztig devant le retable rutilant de l’église de Mons, on but l’eau claire du quatuor de Ravel superbement joué par le Quatuor Modigliani en l’église de Seillans, on s’enflamma à entendre des musiques slaves allumées par le Quatuor Enesco en l’église de Tourrettes, on admira le diamant d’un quatuor de Bartok ciselé par l’excellent Quatuor Varèse en l’église de Callian. Ce même jeune quatuor accompagna un pianiste à la remarquable personnalité, Stephanos Tomopoulos, dans une transcription du 4ème. concerto de Beethoven.
Le dernier soir, un quatuor-phénomène, le Quatuor Arod nous a fait entendre ce que sont les nouvelles tendances des jeunes quatuors : une interprétation si mathématique, si précise dans ses coups d’archet, dans ses phrasés, dans ses nuances, qu’elle semble calculée par ordinateur. Cela fut époustouflant dans l’interprétation d’un quatuor de Bartok mais manqua de sensibilité dans les quatuors de Schubert ou de Haydn.
Le Festival des quatuors apporte non seulement un prestige touristique et culturel aux communes du Haut-Var mais a su s’intégrer dans le tissu local, ayant touché un millier de jeunes lors de présentations de haute qualité organisées dans les écoles et collèges.
Le Festival du Pays de Fayence est reparti. Voilà une excellente nouvelle. Qu’on se le dise !
André PEYREGNE