Paris découvre enfin l’ouvrage de Kenneth MacMillan créé à Londres au Covent Garden par le Royal Ballet le 14 février 1978, jour de la St Valentin.
Il s’agit très certainement du ballet le plus populaire du chorégraphe britannique avec L’histoire de Manon, également au répertoire de l’Opéra de Paris, et souvent repris dans les saisons de danse.
Habité par l’idée de concevoir des ballets où les spectateurs seraient happés par le destin de ses protagonistes, MacMillan, dans un souci de gravité et d’authenticité, nous livre une oeuvre chargée de grâce et d’émotion. Véritable fresque épique, il s’inspire d’un événement historique : le double suicide de l’archiduc Rodolphe et de sa maîtresse Marie Vetsera.
Le mystère de cette tragédie reste encore à ce jour assez inexpliqué ; passions amoureuses, enjeux politiques, nous assistons à une alternance de scènes variant de l’intime au vrai grand spectacle.
Mayerling nous embarque dans les secrets de famille des Habsbourg bien loin du romantisme des amours passées de Sissi et de François Joseph !
Sur une musique de Franz Liszt , quatre couples composés de danseurs-ses étoiles évoluent chaque soir dans les rôles titre -véritable tour de force exigé par ce chorégraphe- qui ne laisse aucun moment de répit à ses interprètes.
Nous avons applaudi ce soir là Mathieu Ganio et Ludmila Pagliero véritables orfèvres en la matière, grâce, beauté et puissance réunies dans un des plus difficiles rôle du répertoire de la danse classique.
Nous pouvons citer autour de ces derniers Laure Hecquet également Danseuse Étoile (Comtesse Marie), Héloïse Bourdon (Élisabeth), Bleuenn Battistoni (Mizzi), Pablo Legasa (Colonel Middleton) ; mention spéciale au très remarqué Andrea Sarri (Bratfisch) qui nous surprend par une aisance peu commune.
Les décors et les costumes signés Nicolas Georgiadis sont somptueux et trouvent parfaitement leur place dans le bel écrin doré qu’offre le Palais Garnier .
Les lumières de John B.Read apportent un cachet supplémentaire à cet élégant et raffiné spectacle qui fera date dans les annales de la maison.
Martin Yates à la direction musicale conduit avec brio l’orchestre de l’Opéra National de Paris.
Vous l’avez compris une soirée de rêve comme seule peut-être la meilleure compagnie de ballet au monde peut offrir aux amateurs de danse.
Philippe Pocidalo