Quel diable d’homme ce Grégory Kunde que les fidèles et habitués de l’Opéra de Nice ont pu entendre il y a déjà plusieurs dizaines d’années d’abord dans des petits rôles et ensuite dans la mémorable Fille du régiment de 1999 avec (excuser du peu) Edita Gruberova ! Diable d’homme, oui car on peut affirmer qu’ il se joue de toutes les embûches, obligé d’interrompre sa carrière pour de graves raison de santé et revenant sur scène dans des rôles comme, entre autres, Othello, Samson et Dalila, Les Troyens, Trovatore, L’Africaine, André Chenier ou Aida qu’il interprétera, 2 jours après sa semaine niçoise, à l’Opéra de Rome, remplaçant au pied levé un collègue souffrant ! .
C’est une force de la nature et on ne peut qu’être admiratif après ses 4 représentations éblouissantes à l’Opéra de Nice du Fidelio de Beethoven (prise de rôle) et 2 jours après la dernière de l’opéra le voilà dirigeant un concert symphonique intitulé “Carte blanche à Grégory Kunde” d’ailleurs dans les décors du spectacle.
On ressent d’emblée qu’il souhaite nous faire partager son amour pour la musique de son pays avec des pages emblématiques de trois plus grands noms de la musique américaine du siècle dernier : Bernstein (Candide, Ouverture), Copland (Fanfare for the Common Man / Four Dance Episodes from Rodeo/Buckaroo Holiday – 2. Corral Nocturne – 3. Saturday Night Waltz – 4. Hoe-Down et Barber (Adagio for Strings). On le sent d’ailleurs très ému à la fin de ce concerto pour cordes qui fut interprété le soir du 8 janvier 2015 à Trafalgar Square en hommage aux victimes de l’attentat du journal Charlie Hebdo à Paris et de la prise d’otages de l’Hyper Cacher de Vincennes.
Vient ensuite une deuxième partie, emblématique de sa carrière, puisque dédiée aux maitres de l’opéra italien : Giuseppe Verdi (Vespri siciliani), Pietro Mascagni (Cavalleria rusticana, Intermezzo), Giuseppe Verdi (La Forza del destino, Sinfonia), Giacomo Puccini (Manon Lescaut, Intermezzo) et Gioacchino Rossini (Guillaume Tell, Ouverture) soulevant l’enthousiasme du public devant ce choix musical et encore plus lorsque au moment du BIS Grégory Kunde se tourne et prononce « C’est un concert symphonique mais Prega per me…» et nous interprète le “Nessun dorma” de Turandot de Puccini.
Cela ne laisse aucun doute pour nous : Vincerò, oui il vaincra tout ! Merci à l’Orchestre philharmonique de Nice, Merci à Grégory Kunde pour ce moment unique qui restera gravé dans les mémoires.
Catherine Pellegrin
28 janvier 2023