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carmen en version de concert avec l’ Orchestre Philharmonique de Strasbourg

carmen en version de concert avec l’ Orchestre Philharmonique de Strasbourg

mardi 4 avril 2023
l’ensemble de la distribution © Nicolas Roses

Une « CARMEN » énergique et presque parfaite…

On attendait le retour de Joyce Didonato et du chef John Nelson pour cette Carmen, programmée à Strasbourg, dans la continuité de la collaboration avec l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, pour un opéra en version concert, avec à la sortie, un nouveau disque.
Après Les Troyens, La Damnation de Faust et Roméo et Juliette de Berlioz, John Nelson a souhaité aborder Carmen et a même réussi à convaincre Joyce Didonato pour cette prise de rôle. Mais John Nelson a dû abandonner ce projet, pour des raisons de santé, et Joyce Didonato a également renoncé.

Portée par la direction enflammée d’Aziz Shokhakimov (en l’absence de John Nelson) et par une distribution de « haut vol », la version concertante de Carmen a pu être donnée, comme prévu, les deux soirées, devant une salle comble et avec un très vif succès.

A la tête de son orchestre, le chef ouzbek a dirigé cette « Carmen » avec une énergie folle, démontrant une fois de plus, qu’il est un grand interprète du répertoire français. Il a commencé sa carrière avec Carmen, qu’il a dirigée à l’âge de 19 ans à peine… Ce soir, il a fait sonner merveilleusement son orchestre. Les Préludes étaient des moments de pure poésie, tous les instruments brillaient à la fois : clarinettes, flûtes, harpes, bassons. Les cordes étaient admirables de lyrisme. Une mention toute spéciale pour les cuivres particulièrement en forme, sur la scène, comme dans les coulisses. Le chœur et la Maîtrise de l’Opéra National du Rhin se sont révélés plus que convaincants, et surtout brillants à l’acte IV. L’air « avec la garde montante » a résonné avec autorité et une grande précision. On a bien senti le professionnalisme de Luciano Bibiloni dans sa préparation.

Le plateau de ces deux soirées était brillant, magnifique et de haut niveau, jusque dans les seconds rôles.

Pas de mise en espace, ni jeux de lumières, mais quelques mouvements joliment réglés : Frasquita et Mercedès dans leur numéro de flamenco, des regards échangés, et bien sûr, une « fleur jetée ». On peut dire que le théâtre était bien présent sur scène. Un seul regret : qu’un enregistrement n’ait pas permis d’immortaliser cette « Carmen » d’exception !!!

Pour le rôle principal, c’est la mezzo-soprano Elena Maximova, qui a accepté de reprendre le flambeau, habituée du rôle qu’elle a interprété de nombreuses fois à Vienne, Palerme, Munich, Florence, Londres… C’est une Carmen, volcanique, pleine de tempérament (peut-être trop…) Sa voix est puissante et le métal affirmé. Elle s’empare de la scène, joue avec sa chevelure blonde, danse, fait voler ses chaussures ….et pourtant, la magie avait du mal à opérer. Pourquoi, que manquait-il ??? un manque de séduction et de lascivité qui empêche Don José de tomber amoureux.

Michael Spyres, quant à lui est un Don José d’une puissance émotionnelle, avec de belles nuances et beaucoup de subtilité. Ses aigus sont faciles et moelleux. Son air « La fleur que tu m’avais jetée » est saisissant de vérisme et de lyrisme. Le final du dernier acte est étourdissant et passionné et rend palpable la souffrance due à sa jalousie.

Le baryton Alexandre Duhamel nous offre un Escamillo noble, très présent et viril, tout en nuances, avec un magnifique phrasé.

L’héroïne de la soirée est Elsa Dreisig dans le rôle de Micaëla. Son grand air du 3e acte lui vaut une salve d’applaudissements. Elle transfigure littéralement son rôle car elle affiche un air juvénile doublé d’un courage, d’une détermination pure, jusque dans sa tenue aux couleurs pastels. Son timbre est lumineux, ses accents sincères. Une magnifique Micaëla, plus que convaincante, simple et combien émouvante.

Les seconds rôles sont tenus par une brillante équipe d’interprètes de premier plan, bref un plateau de luxe, nous offrant des duos, des trios quatuors ou ensemble de toute beauté. Florie Valiquette en Frasquita et Adèle Charvet en Mercedes rivalisent d’effets brillants. Elles campent des gitanes expertes en flamenco, pétillantes et lumineuses.

Chez les messieurs, on est sous le charme des deux brigands imposants avec Philippe Estèphe dans le Dancaïre et surtout Cyrille Dubois dans le rôle du Remendado « de luxe ». Thomas Dolié est un Moralès de grande classe, qui nous a gratifié au début du premier acte de récitatifs rarement donnés (le vieillard avec sa jeune épouse). La basse Nicolas Courjal dans le rôle du lieutenant brille par sa facilité dans tous les registres, sa puissance et son éloquence. Chacune de ses interventions est un pur régal.

Une « Carmen théâtrale » certes, mais exceptionnelle où l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg était à son meilleur, toujours au service des chanteurs, un chef très à l’aise dans cette partition. Le tout dans une harmonie parfaite et un admirable équilibre !!!
 

Marie-Thérèse Werling
4 avril 2023

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