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Aix-en-Provence : « Picture a day… » : l’allure d’un chef d’œuvre.

Aix-en-Provence : « Picture a day… » : l’allure d’un chef d’œuvre.

dimanche 23 juillet 2023

Picture a day like this – Festival d’Aix-en-Provence 2023 © Jean-Louis Fernandez

Bis repetita : onze ans après le succès de la création de son opéra Written on skin au festival d’Aix-en-Provence, le compositeur anglais George Benjamin récidive avec Picture a day like this (Imagine une journée comme celle-ci). Nouvelle création, nouveau succès.

On est ému, touché, fasciné, envoûté par le spectacle. Par son histoire, par sa musique qui s’instille en nous comme un bon poison, avec toutes ses dissonances et ses fanfares rageuses. Mais aussi par ses interprètes, par sa mise en scène. Il est peut-être trop tôt pour affirmer que c’est un chef d’œuvre. Le temps nous le dira. Mais ça en a tout l’air !

Une simple note de harpe, au début, et le personnage principal – une femme debout dans un décor noir entouré de miroirs – chante son drame, quasi a cappella : « A peine mon enfant avait-il commencé à faire des phrases complètes, qu’il est mort. » Elle veut le faire revivre. Elle a entendu parler d’un monde où les humains peuvent renaître comme les plantes. Pour cela, il lui faut rencontrer une personne totalement heureuse et… rapporter un bouton d’un de ses vêtements. La mère en deuil sollicitera successivement un couple d’amoureux, un artisan, une compositrice, un collectionneur, enfin une femme nommée Zabelle. Les metteurs en scène Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma entrouvrent les portes du décor sur ces personnages, comme le faisait Barbe-Bleue avec les portes de son château.

La musique procède par petits intervalles tant dans ses parties chantées qu’orchestrales. Les lignes mélodiques à l’orchestre se croisent et s’entrecroisent à distance de ton ou demi-ton, ce qui constitue sous le chant un tapis de dissonances. Les chanteurs, au dessus, doivent trouver leurs propres notes. Ce n’est pas simple, mais on a affaire à des chanteurs de grande qualité.
La mezzo Marianne Crebassa, interprète de la mère, est admirable d’accablement et de désespoir avec son timbre sombre, sa voix frémissante. Autre voix remarquable : le baryton américain John Brancy. Baryton, oui. Mais il a aussi d’étonnants potentiels dans l’aigu ! Il y a aussi le contre-ténor Cameron Shuhbazi et les sopranos Beate Mordal et Anna Prohaska. Cette dernière fait merveille en Zabelle.
Le compositeur lui-même dirige l’Orchestre Mahler. On n’est jamais mieux servi que par soi-même !
Sur la scène la mère, en deuil cherche des gens vraiment heureux ? Qu’on le lui dise : avec un tel spectacle il y en a plein le public !

André PEYREGNE
23 Juillet 2023

A rerouver également sur Arte Concert :

https://www.arte.tv/fr/videos/115597-000-A/george-benjamin-picture-a-day-like-this/

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