Sur la scène de la magnifique salle Garnier, à cour un immense bouquet de fleurs multicolores et à jardin un piano de concert : le cadre idéal pour une conférence destinée à annoncer au public et à la presse la saison 2023 de l’Opéra de Monte-Carlo. Il convient tout d’abord de rappeler, qu’à titre exceptionnel, la saison 2022 se poursuivra jusqu’au mois de décembre sous la direction de Jean Louis Grinda qui proposera, dans le cadre de la commémoration du centenaire Albert Ier – et à l’occasion de la Fête nationale – (à la Salle des Princes du Grimaldi Forum) La Damnation de Faust. Un hommage à Raoul Gunsbourg qui fût le premier à mettre en scène la légende dramatique d’Hector Berlioz (du 13 au 19 novembre). Suivra (les 9 et 11 décembre) l’adorable Lakmé de Léo Delibes à l’Auditorium Rainier III avec dans le rôle-titre l’incarnation parfaite de l’héroïne : Sabine Devieilhe. Ces deux œuvres termineront en apothéose le mandat directorial de Jean-Louis Grinda qui aura ainsi programmé 15 saisons lyriques en Principauté. Sa succession avait déjà été annoncée dès 2021. Cecilia Bartoli prendra donc les rênes de cette illustre maison à compter du 1er janvier 2023. En présence de Jean-Louis Grinda, d’Oliver Widmer Directeur Délégué, de Gianluca Capuano Chef principal des musiciens du Prince-Monaco et de Magdalena Grob Directrice de la Communication, la célébrissime diva a détaillé le programme de la « demi-saison » (de janvier à avril 2023) avec les œuvres suivantes : Alcina de Haendel du 20 au 26 janvier (direction musicale : Gianluca Capuano, mise en scène : Christof Loy avec Cécilia Bartoli et Philippe Jaroussky), Stabat Mater de Rossini le 25 janvier (direction musicale : Gianluca Capuano), Andrea Chénier de Giordano du 19 au 25 février (direction musicale : Marco Armiliato, mise en scène : Pierfranco Maestrini avec Jonas Kaufmann et Maria Agresta), Récital Daniel Barenboim (pianiste) le 10 mars, La Traviata de Verdi du 17 au 23 mars (direction musicale : Massimo Zanetti, mise en scène : Jean-Louis Grinda avec Aida Garifullina, Javier Camarena et Placido Domingo), Le Nozze di Figaro de Mozart le 20 mars (direction musicale : Philippe Jordan, mise en espace Katharina Strommer et Lisa Padouvas (avec orchestre, chœur et interprètes de l’Opéra de Vienne), Il Barbiere di Siviglia du 16 avril au 22 avril (direction musicale : Gianluca Capuano, mise en scène : Rolando Villazón avec Cecilia Bartoli et Nicola Alaimo), L’Orfeo (Monteverdi) le 17 avril (direction musicale : Gianluca Capuano, mise en scène Franco Citterio, Compagnie de marionnettes milanaise Carlo Colla & Figli). Cecilia Bartoli s’est plu à rappeler qu’elle était venue incarner Rosina du Barbiere di Siviglia alors qu’elle avait seulement 22 ans sur cette même scène de l’Opéra de Monte-Carlo en mars 1989, (John Mordler – présent dans la salle – était directeur à l’époque) avec dans la distribution : Gabriel Bacquier, Fedora Barbieri et Raùl Giménez. Elle a, par ailleurs, insisté sur la plus haute exigence de qualité d’exécution qu’elle voulait poursuivre à l’Opéra de Monte-Carlo en construisant ses propres saisons mais en s’inspirant des solides fondements établis par son prédécesseur Jean-Louis Grinda. Celui-ci, à son tour, a indiqué qu’il se réjouissait de cette passation de pouvoirs qui se faisait dans les conditions les plus favorables et les plus chaleureuses. Cecilia Bartoli a évoqué aussi avec émotion quelques souvenirs personnels ou souhaits liés à sa saison : son père ténor, qui chantait très souvent des extraits d’Andrea Chénier, Daniel Barenboim qui l’avait découverte et qu’elle tenait à inviter à l’occasion de son 80e anniversaire, la production de La Traviata qu’elle avait à cœur de reprendre parce qu’elle n’avait pu être représentée en raison de l’épidémie de Covid. Elle a dit se réjouir d’afficher Il Barbiere di Siviglia dans la récente production du Festival de Salzbourg avec une distribution de haute volée (et en clin d’œil la participation de l’illusionniste Arturo Brachetti). Elle a souligné l’événement que constituait Les Noces de Figaro avec la venue en Principauté de l’Opéra de Vienne tout en rappelant que cette légendaire institution lyrique de la capitale autrichienne avait accueilli pour la première fois du 28 juin au 8 juillet dernier les forces de l’Opéra de Monte-Carlo ainsi que les Musiciens du Prince pour La Cenerentola et Il Turco in Italia de Rossini ainsi qu’un gala lyrique exceptionnel avec un succès qui a fait date. A la fin de cette conférence, Cecilia Bartoli (accompagnée au piano par Gianluca Capuano) a offert à un public sous le charme deux chansons italiennes célèbres d’Ernesto de Curtis : « Ti voglio tanto bene » et « Non ti scordar di me », ainsi qu’une mélodie de Rossini « Canzonetta Spagnuola ». Yves Courmes et Christian Jarniat 16 septembre 2022