N’y a-t-il pas de plus belle manière pour l’Opéra de Nice que de clôturer le volet lyrique de l’année 2025 sur une note à la fois brillante et introspective : celle du chef-d’œuvre de Stephen Sondheim Company dont la modernité n’a rien perdu de sa force depuis la création new-yorkaise de 1970 ? Pivot du théâtre musical américain, Il trouve ici un écrin de choix et rencontre l’adhésion unanime d’un public fasciné et sous le charme.
Stephen Sondheim : la comédie musicale élevée au rang d’art dramatique majeur
Compositeur, parolier et dramaturge américain, Stephen Sondheim (1930–2021) demeure l’une des figures les plus influentes du théâtre musical du XXᵉ siècle. Élève de Oscar Hammerstein II, dont il fut le protégé dès son adolescence, il apprend auprès du maître de Oklahoma! et Carousel la rigueur dramatique et la puissance narrative que la chanson peut conférer à la scène.
Après des débuts prometteurs comme parolier pour West Side Story (1957) de Leonard Bernstein et Gypsy (1959) de Jule Styne, Sondheim s’impose rapidement comme un auteur – compositeur complet, signant à la fois musique et paroles de ses comédies musicales qui bouleversent les codes du genre.
Des œuvres majeures telles que : Company (1970) (l’amitié et les relations du couple) ; Follies (1971) (le théâtre et les stars vieillies) ; A Little Night Music (1973) (l’horlogerie sentimentale) ; Sweeney Todd (1979) (la noirceur opératique) ; Sunday in the Park with George (1984) (l’avant-garde picturale) ; Into the Woods (le miroir psychanalytique des contes (1987) ; Passion (1994) (l’aveu brûlant)… ont redéfini la comédie musicale en y introduisant une complexité psychologique, une ironie mordante et une sophistication musicale sans précédent. Son écriture, à la croisée du théâtre et de la musique savante, explore avec une acuité rare les thèmes de la solitude, du couple, du temps qui passe et du désenchantement contemporain.
Lauréat de huit Tony Awards, d’un Oscar, d’un Pulitzer Prize (Sunday in the Park with George), et de nombreux Grammy Awards, Sondheim a laissé un héritage considérable. Ses œuvres, traduites et montées dans le monde entier, ont inspiré des générations de compositeurs et metteurs en scène
Homme discret mais exigeant, Stephen Sondheim a élevé la comédie musicale au rang d’art dramatique majeur, faisant de chaque partition un passionnant laboratoire d’émotions et d’intelligence. Il s’est éteint en novembre 2021, à 91 ans, laissant derrière lui un univers musical d’une richesse et d’une modernité toujours inégalée.
Un génie de la comédie musicale quasiment méconnu en France… mais néanmoins largement célébré à Paris et Toulon
Longtemps tenu à l’écart des habitudes « opéra/opérette » du public hexagonal, Sondheim a pourtant trouvé, au tournant des années 2010, deux havres où son génie dramatique d’une incroyable acuité psychologique et sa langue scénique – sophistiquée, polyphonique, ironique – ont pu résonner : à Paris au Théâtre du Châtelet et à l’Opéra de Toulon. On leur doit rien moins que la plupart des premières françaises de ses titres-phares et la preuve tangible qu’un musical peut, en l’occurrence et en pareils lieux , convoquer un orchestre de grande qualité, une dramaturgie exigeante et un jeu d’acteurs de haute précision.
Sous Jean-Luc Choplin, le Châtelet a bâti un cycle Sondheim devenu référence, enchaînant cinq premières françaises, quasi toutes mises en scène par Lee Blakeley (sauf Passion pa Fanny Ardant) et dirigées par David Charles Abell pour plusieurs titres : A Little Night Music (2010), Sweeney Todd (2011), Sunday in the Park with George (2013), Into the Woods (2014), Passion, (2016).
À l’autre bout du pays, l’Opéra de Toulon a pris le relais avec une ligne Sondheim cohérente, s’appuyant sur une équipe récurrente (Olivier Bénézech à la mise en scène, Johan Nus à la chorégraphie et une direction musicale soignée) : Follies (2013) création en France captée en DVD (Bel Air Classiques), Sweeney Todd (2016), Into the Woods (2019), en attendant Putting It Together prévu en avril 2026 : direction musicale : Thierry Boulanger, mise en scène Olivier Bénézech
Si en France, Sondheim demeure moins « populaire » que d’autres signatures Broadway, le Châtelet et Toulon ont prouvé avec éloquence qu’ils pouvaient conquérir un public large sans renoncer à sa complexité. Cinq premières parisiennes au Châtelet, quatre jalons à l’Opéra de Toulon de 2013 à 2026 : c’est déjà une histoire et, espérons le, un point de départ plutôt qu’un point final !

La thématique de Company : les ambigüités de la vie de couple entre tendresse, ironie, désillusion et compromis
Créé à Broadway en 1970, Company s’inscrit comme l’une des œuvres majeures de Stephen Sondheim – à la fois compositeur et parolier – sur un livret de George Furth. Véritable révolution dans le théâtre musical américain, l’ouvrage s’affranchit du schéma narratif traditionnel pour se présenter sous la forme d’une mosaïque de scènes et de saynètes reliées par un personnage central : Robert, dit Bobby, un trentenaire séduisant, charmant, mais irrémédiablement célibataire.
Autour de lui gravite une galerie d’amis new-yorkais, tous mariés ou en couple : Sarah et Harry, Susan et Peter, Jenny et David, Amy et Paul, Joanne et Larry… À travers leurs dîners, confidences et disputes chacun incarne, à sa manière, les ambiguïtés du mariage moderne, oscillant entre tendresse, ironie, désillusion et compromis.

Un portrait lucide, parfois cruel – mais souvent drôle – de la vie à deux dans la société urbaine contemporaine
Dans le New York des années 1970, Robert, dit Bobby, fête ses trente-cinq ans entouré d’un groupe d’amis mariés. Charmeur, sociable, attentif aux autres, il semble être le célibataire idéal, celui que chacun envie – ou croit envier – pour sa liberté. Mais derrière cette façade brillante se cache une solitude plus profonde, que le spectacle va peu à peu dévoiler.
Les couples qui gravitent autour de lui forment autant de miroirs de ce qu’il fuit ou recherche confusément. Sarah et Harry se disputent sans cesse, entre gourmandise, régime et alcool, mais leur joute verbale cache un attachement indéfectible. Susan et Peter incarnent le couple modèle, serein et bienveillant… avant d’annoncer, avec le plus grand calme, leur divorce. Jenny et David affichent une harmonie parfaite, du moins jusqu’à ce que la fumée d’un joint fasse vaciller leur équilibre. Amy et Paul, à la veille de leur mariage, donnent lieu à l’un des moments les plus comiques du spectacle : la future mariée, prise d’une crise de panique, débite à toute vitesse le délirant « Getting Married Today » tandis que Bobby, témoin impuissant, tente de la raisonner. Enfin, Joanne, femme mûre et caustique, mariée au placide Larry, observe tout ce petit monde avec une lucidité cynique qui cache, elle aussi, un certain désenchantement.

Face à ces couples tour à tour complices, hypocrites, tendres ou cruels, Bobby s’interroge. Doit-il vraiment aspirer au mariage ? Est-il capable d’aimer ? Ses propres aventures sentimentales – avec Marta, l’exubérante bohème, Kathy, la douce provinciale, et April, l’hôtesse de l’air faussement ingénue – se soldent par autant de tentatives avortées. Chacune, à sa manière, révèle l’incapacité du héros à s’abandonner pleinement à l’autre.
C’est au fil de ces scènes fragmentées, tour à tour drôles, amères et tendres, que Company tisse une réflexion universelle sur l’amour et la peur de l’engagement. Tout culmine dans « Being Alive », l’ultime numéro, où Bobby comprend que vivre, c’est accepter la dépendance à l’autre, le risque de la douleur autant que la promesse du bonheur (« Quelqu’un pour me remplir d’amour / Quelqu’un qui me force à m’en soucier / Je serai toujours là / Aussi effrayé que toi, pour nous aider à survivre / Etre vivant »)
Plus qu’une simple comédie musicale, Company est une réflexion sur l’amitié, la peur de l’engagement et la quête de soi. Sondheim y observe, avec une rare acuité les doutes, les solitudes et les maladresses du couple contemporain, portée par une écriture musicale d’une sophistication inédite et par un humour caustique (à rapprocher de celui de Woody Allen) qui n’exclut jamais l’émotion. Loin du simple divertissement l’œuvre questionne la solitude, la peur de l’engagement et la difficulté d’aimer dans une société urbaine trépidante : des thèmes qui, plus de cinquante ans après, demeurent d’une saisissante actualité.

La musique de Stephen Sondheim dans Company au service des émotions et contradictions des personnages
La musique de Stephen Sondheim dans Company échappe délibérément aux schémas mélodiques traditionnels de la comédie musicale de Broadway. Elle se distingue par une écriture harmonique raffinée, relativement sophistiquée, souvent proche du langage atonal du théâtre musical contemporain sans pour autant exclure les influences jazzy et syncopées,
Sa partition, à la fois subtile et sensible, épouse les mots et les émotions de chacun. Elle se détache de la formule traditionnelle du simple accompagnement pour se mettre au service du texte et du sens dramatique et plus spécialement ici pour révéler les contradictions, les névroses ou les désirs cachés des personnages. Le « parlé-chanté » nerveux et ironique que Sondheim emploie la plupart du temps traduit en la circonstance la difficulté d’aimer et la solitude au sein du couple moderne, le désenchantement ou le désir.
Comédie musicale sans intrigue linéaire, Company se présente comme une succession d’instantanés reliés par la musique incisive et raffinée de Stephen Sondheim. Les scènes alternent avec des numéros musicaux d’anthologie, devenus pour certains de véritables standards du répertoire : l’ouverture incisive « Company », le bouleversant « Sorry-Grateful », le délirant « Getting Married Today », l’irrésistible « You Could Drive a Person Crazy », et surtout le solo final « Being Alive », véritable cri de solitude et de désir d’amour, dans lequel Bobby prend conscience qu’aimer, c’est accepter la vulnérabilité.

Company rayonne à Nice dans le cadre d’une tournée exemplaire fondée sur la mutualisation au service de l’art lyrique
À noter que Company s’inscrit dans le cadre de la tournée Génération Opéra ( à qui l’on doit le concours « Les Voix Nouvelles »). Cette tournée s’appuie sur un principe particulièrement pertinent : la mutualisation des moyens humains, techniques et financiers de plusieurs maisons d’opéra, qui décident conjointement de produire une œuvre et d’en partager les coûts financiers techniques et artistiques.
Cette modalité de coopération, qui pourrait paraître à certains nouveau au regard des modèles traditionnels, s’inscrit néanmoins dans le droit fil d’expériences positives passées. On ne prendra que deux exemples significatifs : celui remontant aux années 2010 où une quinzaine de maisons d’opéras s’étaient associés pour Le Voyage à Reims de Rossini à l’initiative du Centre français de promotion lyrique (devenu aujourd’hui Génération Opéra) permettant ainsi à de nombreux théâtres de présenter un même spectacle dans des conditions scéniques et musicales de tout premier ordre. Opération renouvelée dans des conditions identiques pour Le Voyage dans la lune d’Offenbach en 2020.
Dans le contexte économique actuel, marqué par la rareté des ressources publiques et le coût toujours plus élevé des productions lyriques, cette démarche apparaît non seulement pertinente mais nécessaire. L’art lyrique se trouve aujourd’hui indubitablement confronté à la double exigence de maintenir un haut niveau artistique tout en respectant une gestion rigoureuse des budgets.
À cet égard, l’initiative de Génération Opéra (Délégué général : Jérôme Gay) mérite d’être saluée : elle démontre qu’une véritable solidarité inter-institutionnelle peut préserver la vitalité du théâtre musical et offrir au public des spectacles ambitieux, portés par des artistes talentueux et des équipes de haut niveau.
La tournée de Company, qui concerne plus d’une dizaine de théâtres (Massy, Bordeaux, Compiègne, Nice, Avignon, Nancy, Rennes, Clermont-Ferrand, Limoges, Rouen, Neuchâtel et le Théâtre du Châtelet à Paris) illustre à merveille cette dynamique. Grâce à cette politique de circulation des œuvres et des talents, un chef-d’œuvre comme la comédie musicale de Stephen Sondheim peut être présenté au public français dans des conditions optimales – tant sur le plan musical que scénique – confirmant que la mutualisation, loin d’être un pis-aller, peut devenir un levier essentiel de création et de diffusion.

Une mise en scène maîtrisée en forme de kaléidoscope éclaté mais pour autant limpide
La traduction française du livret par Stéphane Laporte (adaptateur des versions françaises de : Un violon sur le toit, Titanic, Le Roi Lion, Grease, Mamma Mia ! Frankenstein Junior) a parfaitement saisi la structure kaléidoscopique du livret de Furth : non pas un récit linéaire, mais une suite de fragments de vie centrés sur Bobby, trentenaire charmant, célibataire endurci, miroir de nos contradictions sentimentales suivi dans pareille démarche par le metteur en scène James Bonas qui a choisi la sobriété et la clarté. Sur le plateau modulable imaginé par Barbara de Limburg, des panneaux coulissants dessinent successivement les appartements new-yorkais des couples amis, les toits de Manhattan ou un espace mental presque abstrait.

Les vidéos d’Anouar Brissel projettent un New York stylisé, vibrant de lumières et d’ombres, comme un prolongement de la psyché du héros. La lumière ciselée de Christophe Chaupin isole les personnages, fragmente l’espace, et souligne l’architecture éclatée du récit.
La remarquable chorégraphie d’Ewan Jones apporte un rythme soutenu en parfaite osmose avec la mise en scène de James Bonas dont on admire la manière dont il assume les ruptures de ton : après une scène hilarante, la gravité peut surgir d’une phrase ou d’un silence. Company n’est pas une comédie, ni une tragédie : c’est un miroir, parfois cruel, de nos incertitudes affectives. Le résultat parfaitement maîtrisé s’avère fluide, rythmé, d’une grande lisibilité dramatique. Company devient un ballet de rencontres et de fuites, de rires et de silences, où chaque instant se détache avec la précision d’un film.
La direction élégante de Larry Blank figure majeure de Broadway
Peu de chefs connaissent aussi intimement l’écriture de Sondheim que Larry Blank, lui-même orchestrateur et compagnon de route des grandes productions américaines. À Nice, il dirige l’Orchestre Philharmonique de Nice avec une énergie souple, toujours au service du texte conjuguant élégance et swing, démontrant que l’esprit de Broadway peut parfaitement s’accorder à la rigueur d’un orchestre symphonique
Sous sa baguette, la partition de Sondheim, souvent redoutée pour ses rythmes complexes et ses changements de mesures incessants, respire avec naturel. Les pupitres de vents et de cuivres, d’une précision redoutable, sculptent une texture chatoyante où se mêlent jazz, valse et contrepoint. La rythmique (piano, guitare, batterie) confère à l’ensemble une vitalité de cabaret sans jamais forcer le volume.
La clarté de la diction anglaise, soutenue par des surtitres français précis, permet au public de goûter le mordant et la finesse de l’écriture verbale de Sondheim..

Une distribution exemplaire reposant sur la dynamique du groupe
Ce qui frappe d’abord, c’est la cohésion d’ensemble : plus qu’une série de numéros, Company repose sur la dynamique du groupe. Tous les interprètes participent à ce jeu de miroirs où les couples reflètent tour à tour les désirs et les angoisses de Bobby.

Gaétan Borg (Bobby) impose une présence juste et humaine. Il évite l’ironie facile, donnant au personnage une mélancolie souriante, un charme mêlé de désarroi. Son interprétation de Being Alive constitue un sommet : montée progressive en émotion, sans effet, où le mot et la note fusionnent jusqu’à l’aveu final.

Jasmine Roy (Joanne) se taille un triomphe mérité avec The Ladies Who Lunch, chanson-cri d’une amertume jubilatoire : diction mordante, timbre ambré, gestuelle d’un cynisme mondain à la Elaine Stritch (créatrice de Company).
Jeanne Jerosme (Amy) livre un Getting Married Today d’anthologie avec un inénarrable débit de mitraillette mais une diction limpide, faisant rire tout en transmettant l’angoisse-panique de son personnage.

Neïma Naouri (Marta) illumine Another Hundred People de sa voix fraîche, puissante et expressive, parfaite incarnation de la jeunesse urbaine pressée, libre mais seule.
Autour d’eux, Camille Nicolas (April), Camille Mesnard (Susan),Sinan Bertrand (Paul), Eva Gentili (Jenny), Marion Préïté (Sarah), Scott Emerson (Larry), Arnaud Masclet (Harry), Joseph De Cange (Peter) Loïc Suberville (David) et Lucile Cazenave (Kathy) forment une troupe soudée, d’une justesse scénique et vocale exemplaire. Chacun existe sans jamais écraser l’autre, et c’est sans doute là le plus bel hommage à l’esprit de Company.

Une référence française du théâtre musical contemporain
Cette production de Company s’impose comme une référence française du théâtre musical contemporain : élégante, drôle, mélancolique, associant avec bonheur rigueur d’exécution et liberté d’esprit superbement chantée et jouée par une troupe soudée et une direction musicale exemplaire.
Au-delà de la performance, l’émotion vient de la résonance intime que chacun ressent devant ce Bobby en quête d’amour et de sens. Company parle de nous, de notre besoin d’être aimés, de notre peur d’aimer, avec cette ironie tendre et cette intelligence musicale qui en font l’un des sommets de l’art de Sondheim. Un tel chef d’œuvre représenté avec une exceptionnelle virtuosité ne pouvait que recueillir un accueil unanimement enthousiaste du public de l’Opéra de Nice . Il constituera indubitablement une page importante dans ses annales.
Christian JARNIAT
29 novembre 2025
Direction musicale : Larry Blank
Mise en scène : James Bonas
Chorégraphie : Ewan Jones
Scénographie : Barbara de Limburg
Costumes : Nathalie Pallandre
Lumières : Christophe Chaupin
Vidéos : Anouar Brissel
Son : Unisson Design
Décor réalisé par : les Ateliers de l’Opéra de Nice
Distribution :
Bobby : Gaétan Borg,
Joanne : Jasmine Roy,
Larry : Scott Emerson
Amy : Jeanne Jerosme,
Paul : Sinan Bertrand
Sarah : Marion Préïté,
Harry : Arnaud Masclet
Susan : Camille Mesnard
Peter : Joseph De Cange
Jenny : Eva Gentili,
David : Loïc Suberville
April : Camille Nicolas
Marta : Neïma Naouri,
Cathie : Lucille Cazenave
Charlotte Gauthier (clavier), Mathias Minquet (guitare), Samuel Domergue (batterie) Roland Seilhes, Nicolas Fargeix, Clément Caratini, Stephane Cros (saxophonistes)
Orchestre Philharmonique de Nice
Nouvelle Coproduction Génération Opéra (Délégué Général : Jérome Gay)




















