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Théâtre de la Semeuse : L’Autre Flûte enchantée

Théâtre de la Semeuse : L’Autre Flûte enchantée

vendredi 7 novembre 2025

©DR

Dans l’accueillant théâtre de la Semeuse qui compte une centaine de places (et qui développe une triple action de formation, de diffusion et de création sous la direction de Frédéric Rey) deux compagnies (« Le Petit Théâtre des Affranchis » et « Compagnie 250g ») se sont fédérées pour proposer L’Autre Flûte enchantée, création que Didier Veschi et Florence Loudcher ont librement adaptée de l’œuvre de Mozart et Schikaneder initialement inspirée d’une idée de Jean-Pierre Jacomino, ancien contrebassiste de l’Orchestre Philharmonique de Nice.

Ici, point de décors monumentaux ni de machines féeriques comme on en voit traditionnellement à l’opéra : seulement un plateau dépouillé, quelques accessoires manipulés avec dextérité ainsi que des costumes contemporains parfois stylisés, mêlés de quelques touches d’allusions « dix-huitiémistes », participant à ce ton hybride.

Dès les premières minutes, le spectateur est convié à entrer dans cette Autre Flûte enchantée : « une version théâtrale et musicale un peu déjantée, joyeusement transformée, tendrement bricolée… Un univers à la fois baroque et décalé teinté d’onirisme et de burlesque, d’irrévérence et de poésie grinçante » selon les termes de la note d’intention du spectacle.

Délaissant les fulgurances de Mozart et les scénographies complexes de certaines productions, le propos des concepteurs se fonde sur le souhait de ramener cette Flûte enchantée vers son origine première : un « Zauberstück » parlé, quelque peu simplifié, pareil à un conte populaire de tréteaux. Clin d’œil, par ailleurs, au Theater auf der Wieden, théâtre en bois des faubourgs de Vienne, drainant un public populaire qui fut dirigé par Emanuel Schikaneder librettiste de l’opéra de Mozart et dans lequel eut lieu la création de Die Zauberflöte le 30 septembre 1791 loin des ors, pompes et velours d’une salle d’opéra. Un singspiel s’adressant à toutes les classes sociales, initialement conte de fées où s’ajoutent les éléments d’une initiation maçonnique doublée d’une réflexion philosophique.

Flute 12 1 1 1
©DR

Ici, point d’airs chantés1 : seul subsiste le texte d’Emanuel Schikaneder adapté pour la circonstance. Le spectacle intègre néanmoins nombre de passages musicaux exécutés par une petite formation de quatre musiciens (adaptation musicale et direction du talentueux compositeur et orchestrateur Serge Ferrara) tandis que les comédiens, endossant alternativement plusieurs rôles chacun, miment par des gestes et expressions ce que la musique, désormais seule, suggère.

Les gestes ou les regards remplacent la vocalise : une tentative de retrouver l’esprit forain et facétieux de la troupe de Schikaneder.

Une expérience qui pourrait parfois apparaitre quelque peu déroutante pour qui n’a en tête que l’opéra, mais qui suscite néanmoins l’intérêt là où la parole, les corps et la musique se « réagencent » autrement, les longues tirades étant resserrées, les supposées naïvetés volontairement assumées, les apparents archaïsmes revendiqués.

Flute 10 1 1
©DR

On retrouve en Tamino /Sarastro et La Reine de la nuit /Papagena le couple succulent que formaient Didier Veschi et Frédérique Grégoire dans Célimène et le Cardinal de Jacques Rampal ; en Papageno : Philippe Testori dont on se souvient du La Flèche inquiétant et sombre mâtiné de vieux mauvais garçon sorti d’une banlieue mal famée dans L’Avare de Molière au Théâtre de l’Eau Vive en 2023 et on découvre Lucie Gaüzere mêlant avec sobriété les deux aspects sensible et déterminé de Pamina. La narration incombant à Florence Loudcher. 

Derrière la fantaisie assumée de l’œuvre de Schikaneder et Mozart et quels que soient la forme et les moyens mis en œuvre, se dessine un miroir : vertu de tous les contes et  propre des chefs- d’œuvre qui touchent à l’universel .C’est ainsi que La Flûte enchantée parle de nous et suscite notre réflexion tandis que le miroir nous renvoie l’image de notre quête et de notre destin.

Christian JARNIAT
7 novembre 2025

1Néanmoins la partie chantée n’est pas tout à fait absente la soprano Cécile Macaudière interprétant l’air de Pamina ainsi que « Voi che sapete » des Noces de Figaro et « Là ci darem la mano » de Don Giovanni

ProductionLe Petit Théâtre des Affranchis 

Idée originaleJean-Pierre Jacomino

Mise en scèneFlorence Loudcher

Adaptation musicale Serge Ferrara

Adaptation du livretDidier Veschi et Florence Loudcher

Avec Frédérique Grégoire, Lucie Gaüzere, Florence Loudcher , Philippe Testori, Didier Veschi, Cécile Macaudière (chant), Sergio Caputo (violon),Sandrine Bourges (contrebasse), Serge Ferrara (accordéon), Fabrizio Vinciguerra (guitare)

 

 

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