Logo-Resonances-Lyriques
Menu
Monaco : Zavidov, le pianiste phénomène

Monaco : Zavidov, le pianiste phénomène

©DR

Il entre d’un pas décidé, légèrement courbé, le visage concentré, dans la lumière dorée de la Salle Garnier de Monaco. Vsevolod Zavidov s’avance vers le piano et, sans plus attendre, attaque les Variations Adagio de la Sonate 48 de Haydn. Tout de suite la musique prend une dimension considérable. Ce n’est plus du Haydn que nous entendons, mais du Beethoven, du Brahms. Zavidov parle une langue vaste, impérieuse. Ainsi les grands interprètes transcendent-ils la musique qu’ils jouent. Et, à 20 ans, Zavidov est un grand interprète. Mieux : un pianiste phénomène.

Encore peu connu du large public, cet extraordinaire virtuose a trouvé une aide précieuse : celle de la Fondation Radu Lupu, créée en hommage au grand pianiste disparu en 2022, et celle de Didier de Cottignies, délégué artistique du Philharmonique de Monte-Carlo que tout le monde respecte, qui fait partie de cette Fondation, et qui s’est empressé de le faire venir jouer en Principauté.

Après Haydn, ce fut Schubert – Quatre impromptus. Zavidov les joua avec une belle puissance expressive et une admirable légèreté de doigts. La musique se répandait, tendre, caressante sous les ors de la salle. Chaque note avait le poids d’une caresse, la consistance d’un frôlement de soie. Schubert, éternel Schubert !

Puis vint Ravel et son Gaspard de la nuit, ce recueil d’images et de mirages. L’Ondine nous inonda de bonheur. Dans la pièce finale de ce recueil, Scarbo, qui est l’évocation d’un lutin malicieux, Zavidov nous fit entendre des choses qu’on n’avait jamais entendues : des contre-chants inédits, des accents nouveaux, des répliques insoupçonnées. La musique bondissait, virevoltait, griffait. La silhouette espiègle du lutin dansait entre les notes.

Stravinsky enfin et le bouquet incandescent de Pétrouchka. Le piano entier s’embrasa. Là on écarquilla les yeux pour vérifier qu’il n’y avait pas deux pianistes sur scène. A deux mains Zavidov donnait l’impression d’en avoir quatre. La musique étincelait d’une extrémité à l’autre du clavier. Des glissandos fusaient, des accords explosaient à la fois dans le grave et l’aigu, racontaient une histoire incandescente de vieux conte russe carnavalesque.

Que de couleurs dans ce jeu – et de tendresse dans la Vocalise de Rachmnaninov que le pianiste déroula en bis !

Ainsi passa Zavidov sur la scène monégasque. C’était la première fois. Sans doute pas la dernière.

André PEYREGNE
03 Octobre 2025

Imprimer
Cookies
Nous utilisons des cookies. Vous pouvez configurer ou refuser les cookies dans votre navigateur. Vous pouvez aussi accepter tous les cookies en cliquant sur le bouton « Accepter tous les cookies ». Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre Politique de confidentialité et des cookies.