Quel bonheur de se retrouver à Menton sur le parvis de la basilique baroque Saint-Michel, perché au-dessus de la mer !… Un des plus beaux écrins que l’on puisse rêver pour un festival mythique qui fêtait, cette année, son 76e anniversaire !
A l’affiche : l’un des artistes lyriques qui connaît, depuis ces dernières années, une ascension fulgurante, ayant désormais chanté sur les scènes les plus prestigieuses : Opéra de Paris, Opéra de Vienne, Royal Opéra House de Londres, Metropolitan Opera de New York…
En novembre 2022 a propos de sa prestation dans La Damnation de Faust, représentée par l’Opéra de Monte-Carlo dans la vaste salle du Grimaldi Forum à l’occasion de la fête nationale monégasque, notre correspondante Nathalie Audin écrivait dans nos colonnes à propos de Pene Pati, protagoniste de l’œuvre de Berlioz, : « De « Merci doux crépuscule » à l’ « Invocation à la nature » tout est raffinement poétique chez le ténor samoan porté par un art du legato suprême, un style châtié, une rigueur stylistique, une science de la mezza voce, une voix ample et claire qui s’épanouit merveilleusement dans l’aigu »
Tous ces qualificatifs se retrouvent dans cette soirée consacré à « L’Age d’or des chansons napolitaines – Canzoni di Notte et Canzoni di Giorno »
Pene Pati : Un charme vocal lumineux autant qu’irrésistible doublée d’une interprétation raffinée
Souvent comparé à Luciano Pavarotti pour son timbre solaire et sa projection naturelle, Pene Pati, après son retentissant succès au Festival d’Aix-en-Provence dans Les Pêcheurs de Perles de Bizet1, fait à nouveau état de ses qualités qui l’ont propulsé, en peu de temps, au premier rang des stars de l’art lyrique : prononciation italienne précise, expressivité, justesse, diction souveraine et technique irréprochable.
Plus proche, dans pareil répertoire, de la sensualité d’un Giuseppe di Stefano que de l’incandescence d’Enrico Caruso, non loin de la virtuosité d’un Juan Diego Florez, moins « opératique » que Luciano Pavarotti, Pene Pati trouve sa propre singularité dans ces chansons napolitaines
Alternant tour à tour tendresse, mélancolie et joie, il s’attache à respecter l’esthétique et la texture intimiste de ces « canzoni » les parant de substances subtiles, ne forçant jamais inutilement le volume de sa voix.
Au milieu de l’excellent Orchestre Il Pomo d’Oro (Ensemble réputé pour son style authentique, sa sonorité lumineuse et ses textures transparentes), assis sur un haut tabouret, Pene Pati interprète ces romances célèbres à l’instar d’un crooner, donnant, avec élégance, à chacune l’allure d’une tendre confidence nocturne, privilégiant le charme délicat à la puissance de l’envolée (Ah ce « O sole mio », murmuré à fleurs de lèvres !)
Au final plusieurs bis, et longues acclamations d’un public ravi d’une interprétation dont le maître-mot est le charme poétique en parfait accord avec la splendeur des lieux en ce soir d’été sous les étoiles se reflétant dans une mer si proche et pour laquelle tant de mélodies ont été écrites.
Christian JARNIAT
26 juillet 2025
