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Au Théâtre des Champs-Elysées : L’Italiana in Algeri de Rossini en concert

Au Théâtre des Champs-Elysées : L’Italiana in Algeri de Rossini en concert

mercredi 18 juin 2025

©Cyprien Tollet / Théâtre des Champs-Elysées

Après la Semiramide de la veille dans ce même Théâtre des Champs-Élysées, place au Rossini buffo avec L’Italiana in Algeri. Et ce concert est fort réussi, en premier lieu grâce à l’excellente direction musicale de Julien Chauvin aux commandes de son ensemble du Concert de La Loge, le chef délaissant pour un soir sa fonction « en même temps » de premier violon de l’orchestre.

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Mikhail Timoshenko

Créé en 2015 et souhaitant recréer le Concert de La Loge Olympique de 1783 (mais le Comité International Olympique en avait juridiquement décidé autrement…), cet ensemble joue donc sur copies d’instruments d’époque, dans un son d’une agréable rondeur et moins métallique qu’un orchestre symphonique moderne. Ceci est particulièrement vrai pour les pupitres de cuivres et vents, pour lesquels on apprécie la franchise et le naturel du jeu. Les tempi sont généralement rapides, voire très rapides, tout comme la veille pour la Semiramide sous la baguette de Valentina Peleggi, mais il s’agit cette fois d’une pleine réussite. On entend un Rossini vif-argent, dès une Sinfonia emmenée par une grande énergie, les crescendi enflant, mais sans démesure. La virtuosité des solistes est affûtée, spécialement celle des hautbois et piccolo solo.

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©Cyprien Tollet / Théâtre des Champs-Elysées

En tête de distribution vocale, l’Isabella de Marie-Nicole Lemieux fait le spectacle, avec drôlerie et une exubérance théâtrale et vocale qu’on peut tout de même trouver excessive par moments. Arrivant pieds nus sur le plateau, son air d’entrée Cruda sorte, amor tiranno est délivré avec une certaine sobriété, en puisant par instants avec gourmandise dans son opulent grave profond de vraie contralto. L’agilité est correcte, exceptée de petits temps faibles où les vocalises coincent légèrement, la chanteuse semblant vouloir compenser par l’émission d’aigus d’une puissance démesurée. Dans son duo Oh ! Che muso, che figura ! avec Mustafa, l’interprète se lâche et en rajoute, sans nécessité lorsque l’on considère le comique du livret, déjà largement suffisant. On retrouve au second acte la contralto canadienne en robe de soirée, chaussures à talon et plumes dans les cheveux, pour conduire sa cavatine Per lui che adoro avec douceur et sensibilité. Un peu plus tard, dans la cabalette de Pensa alla patria, son chant, certes vigoureux, est émaillé d’aigus à la limite de cris.

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©Cyprien Tollet / Théâtre des Champs-Elysées

Les trois rôles principaux masculins respectent quant à eux les canons du chant rossinien, en commençant par Levy Sekgapane distribué en Lindoro. L’instrument du ténor sud-africain s’est sensiblement élargi ces dernières années, tout en conservant sa souplesse et sa virtuosité pour les passages d’agilité. Introduite par un cor solo presque impeccable, sa cavatine d’entrée Languir per una bella est conduite avec élégance, et encore davantage pour la reprise du deuxième couplet, délivré dans une subtile mezza voce. Son air en début de second acte O, come il cor in giubilo, avec hautbois obbligato, est aussi un beau moment, air très rapide et fleuri où le ténor ajoute quelques suraigus bienvenus, tout comme à d’autres moments de la représentation.

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©Cyprien Tollet / Théâtre des Champs-Elysées

En Mustafa, la basse Nahuel Di Pierro sait bien doser l’humour du personnage, tout en maintenant constamment un chant de qualité. Si l’ampleur des notes les plus graves reste un peu limitée, le style maintient une bonne dynamique, jusque dans le chant à la limite du sillabato.

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 ©Cyprien Tollet / Théâtre des Champs-Elysées

Le baryton Mikhail Timoshenko compose un Taddeo magnifiquement timbré et plus puissant que son confrère, à en juger par la courte joute vocale des Pappataci en fin de second acte. On est en présence d’un titulaire plus jeune que d’ordinaire, très noble de timbre et utilisant sa vis comica avec justesse. Alejandro Baliñas Vieites conduit d’une voix ferme et bien placée l’air d’Haly Le femmine d’Italia, mais sans quitter des yeux sa partition sur le pupitre, ce qui n’est pas le cas du reste de l’équipe qui fait vivre l’action par un peu de jeu et de mouvement, notamment dans les entrées et sorties des artistes. Eléonore Pancrazi et Manon Lamaison complètent dans les rôles secondaires de Zulma et Elvira. Il faut enfin saluer l’excellent Chœur Fiat Cantus, pas toujours impeccablement en ligne avec le chef pour certains départs, mais énergique à bon escient et de couleurs vocales séduisantes à l’oreille dans toutes les nuances, entre forte et piano subito.

Irma FOLETTI
18 juin 2025

Direction musicale : Julien Chauvin
Isabella : Marie-Nicole Lemieux
Lindoro : Levy Sekgapane
Mustafa : Nahuel Di Pierro
Taddeo : Mikhail Timoshenko
Haly : Alejandro Baliñas Vieites
Zulma : Eléonore Pancrazi
Elvira : Manon Lamaison

Le Concert de La Loge

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