C’est une reine, une souveraine, une impératrice que l’Auditorium Rainier III de Monaco a accueillie dimanche : Martha Argerich. Voilà plus d’un demi siècle qu’elle règne sur le monde du piano. Et cela n’est pas près de s’arrêter. Il fallait entendre l’interprétation époustouflante qu’elle a donnée du Concerto pour piano et trompette de Chostakovitch !
Elle y a déployé sa fougue, son lyrisme, son exubérance. Aucun pianiste – jeune ou moins jeune – ne peut rivaliser avec elle. Elle est la seule, l’unique, l’inégalable. C’est en tornade qu’elle se répandit dans la partition de Chostakovitch. Elle caressait, pétrissait, martelait, fouettait les touches de son clavier et la partition explosait en contrastes : étincelante ici, là ricanante, ailleurs grinçante.
A côté de Martha Argerich, le célèbre trompettiste russe Sergei Nakariakov apporta l’éclat de ses répliques.
L’orchestre était dirigé par Dima Slobodeniouk. Silhouette filiforme, bras tranchant, il fit claquer, ruisseler, gronder, briller le magnifique Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Tout le concert était consacré à des œuvres de Chostakovitch – Chosta pour les intimes et pour les pro !
On entendit la Suite symphonique extraite de l’opéra Katerina Ismaïlova, partition théâtrale en cinq mouvements passant allégrement du dramatique au festif. On entendit aussi la Sixième symphonie où les tourments du mouvement lent du début se transforment par la suite en ricanements caustiques et en carillons de joie.
Martha, Dima et Chosta ont mis debout l’Auditorium Rainier III de Monaco. On s’en souviendra.
André PEYREGNE
4 mai 2025