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L’Orfeo de Monteverdi entre au répertoire de l’Opéra de Marseille Orfeo, favola in musica de Claudio Monteverdi Opéra de Marseille, le 2 mars 2025

L’Orfeo de Monteverdi entre au répertoire de l’Opéra de Marseille Orfeo, favola in musica de Claudio Monteverdi Opéra de Marseille, le 2 mars 2025

dimanche 2 mars 2025

©Christian Dresse

Le festival Mars en Baroque revient cette année, avec de nombreux concerts prévus entre le 28 février et le 30 mars (programmation détaillée sur www.marsenbaroque.com). La manifestation met habituellement un opéra à son affiche, nous avions vu par exemple lors d’éditions passées Admeto, di Tessaglia de Georg Friedrich Haendel en 2020, ou encore La Dafné de Marco Da Gagliano en 2022, ces deux concerts au Théâtre de La Criée. Changement de lieu cette année, avec l’un des titres les plus connus du répertoire baroque, soit Orfeo de Monteverdi, l’une des œuvres faisant partie de ce qu’on nomme communément la « trilogie » monteverdienne, avec Il Ritorno d’Ulisse in Patria (création en 1641) et L’incoronazione di Poppea (1643). On peut d’ailleurs rappeler que cet Orfeo créé en 1607 à Mantoue est l’un des tout premiers opus à avoir donné sa forme à la représentation d’un opéra.

C’est donc, cette fois, à l’Opéra de Marseille qu’est hébergée cette représentation unique, dans une salle pleine à craquer. Et comme régulièrement, les deux directeurs artistiques de Mars en Baroque, Jean-Marc Aymes et Romain Bockler sont les artisans de ce spectacle : le premier à la tête de l’ensemble Concerto Soave, tout en tenant le clavecin, et le second distribué dans le rôle-titre d’Orfeo.

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©Christian Dresse

Prima la musica : les seize musiciens de Concerto Soave sur scène nous enchantent tout du long, répartis entre instruments à cordes à jardin et vents à cour, dans un équilibre idéal, un naturel sonore très confortable et une musicalité sans faiblesse. Le son parfois très délicat, comme par exemple le luth seul avec un soliste au chant, ou encore le luth, la harpe et l’orgue qui accompagnent Orfeo dans son long lamento de l’acte 3 « Possente spirto », est émis avec une rare délicatesse. Ceci dans une salle à peu près épargnée par les quintes de toux de spectateurs indélicats, renforçant l’émotion de l’écoute quand on réalise que l’Opéra de Marseille entend en cette occasion son premier Orfeo de Monteverdi, une maison où le répertoire baroque est donné ces dernières années avec une extrême parcimonie !

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©Christian Dresse

Un tambour entre en scène pour la toccata liminaire, puis cet espace central du plateau est laissé aux solistes et choristes, qui s’épanouissent dans la mise en espace réglée par Jimmy Boury. Le jeu n’est pas spécialement développé, consistant essentiellement en la venue des solistes au centre, entre les deux groupes d’instrumentistes de part et d’autre. A noter d’ailleurs qu’aucun problème de coordination n’est à déplorer entre chanteurs et musiciens, les départs et suivis de rythme étant observés avec précision. Tous les solistes prennent, comme habituellement, les ensembles, mais renforcés parfois pour cette représentation par le chœur de l’Opéra de Marseille, placé en fond de scène. Quelques animations vidéos illustrent les situations, de manière plutôt abstraite et suggestive : une lueur jaune comme un soleil, une ambiance bleue avec un écoulement comme un filet d’eau, ou encore la couleur rouge pour marquer le séjour aux Enfers.

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©Christian Dresse

En Orfeo présent à peu près du début à la fin et rôle de loin le plus sollicité, Romain Bockler est un baryton suffisamment aigu et dynamique dans la projection du chant. L’instrument est aussi souple, en particulier pour passer les passages d’agilité très rapides de son lamento « Possente spirto ». L’Euridice de Louise Thomas émeut lorsqu’elle sort des Enfers depuis le fond de plateau qui baigne dans la fumée, tandis qu’on remarque, plus tôt, le timbre splendide de Maria Chiara Gallo en Messaggiera, émettant parfois quelques notes en son fixe sans vibrato, accentuant ainsi le malheur de ses annonces faites à Orfeo.

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©Christian Dresse

Autre voix qui fait forte impression, celle d’Alexandre Baldo en Plutone, au creux saisissant dans le grave et qui confère une autorité incontestable au dieu des Enfers. Mais c’est l’ensemble du plateau vocal qui présente une qualité bien homogène, comme la Proserpina de Julie Vercauteren qui convainc son époux de Pluton de laisser Euridice rejoindre son Orfeo. Le baryton-basse Jean-Manuel Candenot évoque avec noirceur le passeur des Enfers Caronte, Imanol Iraola chante Apollo à l’acte final, mais joue aussi des castagnettes et autres percussions dans les actes précédents. Aux côtés de la Musica de Lise Viricel, la Ninfa de Gabrielle Varbetian, la Speranza de Logan Lopez Gonzales se distingue, contre-ténor bien sonore dans la partie supérieure du registre.

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©Christian Dresse

Pour la conclusion où Orphée est emmené au ciel par son père Apollon, des projecteurs s’allument en fond de scène, d’abord orangés puis d’un blanc aveuglant en direction du public… des spectateurs éblouis par cette représentation, à tous les sens du terme !

Irma Foletti & François Jestin
2 Mars 2025

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Direction musicale : Jean-Marc Aymes
Mise en espace : Jimmy Boury


Orfeo : Romain Bockler
Messaggiera : Maria Chiara Gallo
Euridice : Louise Thomas
Proserpina : Julie Vercauteren
Plutone : Alexandre Baldo
Caronte : Jean-Manuel Candenot
Apollo : Imanol Iraola
Musica : Lise Viricel
Ninfa : Gabrielle Varbetian
Speranza : Logan Lopez Gonzales
Pastore / Spirito : Davy Cornillot – Olivier Coiffet – Samuel Namotte
Pastore : Estelle Defalque

Concerto Soave
Chœur de l’Opéra de Marseille

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