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FESTSPIELHAUS BADEN-BADEN Un «GALA PUCCINI » enchanteur avec Piotr BECZALA et Sondra RADVANOVSKY

FESTSPIELHAUS BADEN-BADEN Un «GALA PUCCINI » enchanteur avec Piotr BECZALA et Sondra RADVANOVSKY

vendredi 29 novembre 2024

©Andrea Kemper

Cette année, le monde de la musique commémore le centenaire de la mort du légendaire compositeur d’opéra Giacomo Puccini. Pour marquer cette occasion spéciale, le Festspielhaus de Baden-Baden a choisi de présenter, en première partie de ce « Gala Puccini », des extraits de certaines de ses œuvres : Tosca dans laquelle l’amour et la jalousie se déchaînent avec passion ;  Manon Lescaut, l’histoire tragique d’un amour impétueux, et le prélude « La tregenda » des Villi.

Au cœur de cette soirée se trouvent les extraordinaires interprètes, le ténor Piotr Beczala qui, il a des années, a fait ses débuts au Festspielhaus, en interprétant le prince charmant dans Iolanta de Tchaïkovski avec un charme juvénile, un sourire hollywoodien et une voie qui déploie toute sa puissance lyrique jusque dans les moindres recoins de la salle. Il est accompagné, ce soir, par une grande favorite du MET, Sondra Radvanovsky, qui a ouvert la saison dernière de la salle new-yorkaise dans le rôle de Médée de Cherubini (une révélation selon les critiques). Les deux interprètes sont accompagnés par l’excellent Würth Philarmoniker, sous la direction sensible de son chef Claudio Vandelli.

Le Gala s’ouvre avec « l’Intermezzo » du 3e acte de Manon Lescaut.Le violoncelle donne une intensité qui vous pénètre au plus profond de l’âme, une sorte d’intimité musicale au milieu de la plénitude orchestrale. Le Würther Philharmoniker a créé une ambiance musicale qui s’est ouvert à la fois sur la douceur mais aussi sur la tragédie des airs suivants.

Piotr Beczała, élégant dans sa démarche noble rappelant Alfredo Kraus, jette un regard dans la salle et nous ravit de suite avec l’air de Des Grieux “Donna non vidi mai” du premier acte de Manon Lescaut, dans une expression du désir et de l’émerveillement, mais avec une intensité à vous couper le souffle. Sa technique de chant est sans faille, brillant dès les premières mesures, il porte d’emblée ce gala puccinien à un haut niveau qu’il ne quittera plus.

Sondra Radvanovsky entre en scène dans une ample robe rouge corail, sa chevelure blonde libre avec l’air de Manon du 4e acte « Sola, perduta, abbandonata ». Elle possède une technique impeccable et une puissance vocale impressionnante. Elle est entièrement habitée par Manon, créant une fusion entre l’artiste et le rôle qu’elle interprète.

L’orchestre nous emmène ensuite dans l’univers un peu mystique et étrange menaçant des Villi avec le prélude – « La Tregenda », où la danse des sorcières se confond dans un élan fort sonore et enflammé..

La soirée atteint son point culminant avec les airs extraits de la Tosca. Piotr BECZALA enchaîne avec « Recondita Armonia », tout en nuances subtiles. C’est une véritable leçon de perfection lyrique. Le « Vissi d’Arte, vissi d’amore » de Sondra Radvanovsky résume le profond désespoir de Tosca. Elle aussi est un modèle de nuances, alternant les fameuses notes « enflées », les diminuendos et les notes à pleine voix dont elle a le secret. « E lucevan le stelle » est dans la grande tradition, exceptionnel et sans emphase. Le « Mario ! Mario ! Mario ! » du 1er acte réunit enfin les deux artistes qui ont l’habitude de chanter ensemble, en concert et sur scène. Ils se retrouvent ce soir avec bonheur, et ça se voit et s’entend !!! Quel beau jeu scénique : Floria charme, séduit, menace, tout le personnage de Tosca est là devant un Mario plus moqueur que gêné, du grand théâtre : « come la Tosca in teatro »…..Les acclamations à chaque apparition et à la fin des prestations des deux immenses artistes ne s’éteignent, presqu’a regret, qu’avec l’entracte.

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©Andrea Kemper

Après la pause, on passe de Puccini à Dvorak, avec des extraits de Rusalka. Piotr Becazala, campe un prince très crédible par son timbre clair, homogène jusqu’au contre-ut parfaitement sonore qu’il émet au troisième acte. On apprécie surtout l’élégance de sa ligne de chant et les demi-teintes en voix mixte de ses dernières répliques, dans le duo final lorsqu’il meurt dans les bras de Rusalka.

Quant à Sondra Radvanovsky, vêtue d’une robe fourreau noire, elle dispose de l’ampleur idoine pour incarner l’ondine. Son interprétation frise la perfection dans « l’air à la lune ». Ses qualités techniques hors du commun, lui autorisent les plus élégantes nuances : piani, diminuendi, aigus triomphants, bref, toute une palette qui donne un portrait complet de l’ondine. Les deux artistes ont bénéficié d’un accompagnement musical hors pair de la part du Würther Philharmoniker, tout en nuances, tellement romantiques, sous la baguette, presque magique de son chef, Claudio Vandelli, attentif et respectueux des chanteurs. Leur interprétation de l’opéra de Dvorak a été féerique, romantique à souhait, presque irréelle.

Les deux œuvres d’Umberto Gioardano constituent le point essentiel de la seconde partie. Après « l’intermezzo » de son opéra Fedora, les extraits d’Andrea Chenier ont, une de plus, montré toute la palette et la beauté des voix de nos deux magnifiques artistes. Le premier air « Come un bel di do Maggio » a été sublimé par la délicatesse et la beauté mélancolique du chant de Piotr Beczala.

Très impliquée, Sondra Radvanovsky nous livre une émouvante « Mamma morta » avec de subtiles nuances, rendant palpable la tragédie et la profondeur émotionnelle de Maddelena. Le duo final « Vicini a te s’acquieta » a réuni toutes les qualités mises en valeur, dans un dernier moment plus que bouleversant, laissant le public dans une admiration silencieuse, avant les applaudissements tonitruants enthousiastes.

Après un tel exercice, nos chanteurs seraient en droit de prendre un repos bien mérité, et bien non, car devant le triomphe de la salle trépignant debout, ils vont encore enchaîner trois bis, un peu saugrenus dans leur choix par rapport au programme, mais de toute évidence, ils ont plaisir à offrir au public badois. C’est Piotr Beczala qui nous offre le premier, avec « Dein ist mein ganzes Herz » du Pays du Sourire de Franz Lehàr, suivi d’un « Pace, pace moi Dio » poignant de la Forza del Destino de Giusepepe Verdi , soulevant une fois encore l’admiration. Et pour finir, le duo « Lippen schweigen », de la Veuve Joyeuse de Franz Lehàr, dans un pas de valse très complice.

Cette soirée magique était bien plus qu’une simple série de performances musicales. C’était aussi un voyage à travers l’amour, l’espoir, la tragédie et le désespoir. On est surpris et émerveillé de voir avec quelle facilité nos deux artistes exceptionnels passent d’un registre à l’autre, d’un rôle à l’autre, et surtout les rendant si réels, si plausibles, tout en respectant le style du compositeur. Un bel hommage rendu à Puccini, pour le 100e anniversaire de sa mort et aussi à la musique.

Tous les ingrédients étaient parfaitement réunis : deux chanteurs merveilleux, un orchestre présent et engagé à chaque instant et un chef sensible et attentionné.

Que demandez de plus ??? merci à eux et au Festpielhaus de Baden-Baden.

Marie-Thérèse Werling

29 novembre 2024

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