De La Coupe et les lèvres de Musset à Edgar de Puccini
En 1831 La Revue des deux mondes publie La Coupe et les lèvres un poème dramatique en 5 actes et en vers d’Alfred de Musset qui sera représenté au Théâtre Français le 22 février 1849. Le héros, le chasseur Frank âgé de 20 ans, rejette l’univers dans lequel il vit. Après avoir brûlé la maison de son père il part en quête de son identité et de sa vérité. Ce poème fait l’apologie d’un anarchisme désespéré où espoirs et ambitions se heurtent à la réalité ainsi qu’une interrogation sur la pureté et la débauche. Deux femmes s’opposent : Monna Belcore et Deidamia. La seconde périra sous la lame de la première. A noter l’importance prépondérante du chœur dans ce poème.
Ferdinando Fontana (1850 –1919) avait écrit une dizaine de livrets pour des musiciens tombés dans l’oubli avant de se lier d’amitié avec Puccini. Librettiste du compositeur pour son premier opéra Le Villi créé au Teatro Dal Verme de Milan le 31 mai 1884 les deux hommes collaborèrent pour la deuxième (et dernière) fois pour Edgar inspiré du poème dramatique d’Alfred de Musset. Dans l’opéra de Puccini Frank deviendra Edgar (à ne pas confondre avec le Frank de l’Opéra, frère de l’héroïne) tandis que la jeune fille pure Deidamia troquera son nom pour Fidelia alors que la courtisane Monna Belcore empruntera celui de Tigrana.
L’argument de la version en 4 actes d’Edgar
Acte 1 Edgar est déchiré entre l’amour sincère de Fidelia, jeune fille au cœur pur et la passion sensuelle qu’il éprouve pour la courtisane Tigrana abandonnée par des « Maures errants » alors qu’elle était enfant et élevée par le père de Fidélia.
Frank, le frère de Fidélia, également attiré par la beauté exotique de Tigrana se voit repoussé par celle-ci. En sortant de la messe les villageois choqués par une chanson lubrique chantée par Tigrana lui ordonnent de quitter le village. Edgar la défend contre la foule déchaînée tandis qu’aveuglé de jalousie, Frank provoque Edgar en duel lequel blesse son adversaire. Edgar brûle la maison paternelle et s’enfuit avec Tigrana
Acte 2 Edgar lassé par la vie de luxure qu’il mène avec Tigrana aspire à retourner auprès de la tendre Fidélia. Il voit enfin l’occasion d’échapper à l’emprise de la courtisane avec l’arrivée d’un peloton de soldats commandé par Frank avec lequel il se réconcilie. Il s’engage dans cette compagnie malgré les supplications de Tigrana qui jure de se venger.
Acte 3 On célèbre les funérailles d’Edgar tombé au combat. Fidélia pleure la mort de son bien aimé et défend avec véhémence sa mémoire contre les réquisitions d’un moine qui accable le défunt de fautes et péchés eu égard à sa vie de débauche.
Frank et le moine demandent à Tigrana de dénoncer Edgar pour trahison envers la patrie en lui offrant des bijoux de prix. Les soldats profanent alors le cercueil dans lequel ne se trouve aucune dépouille. Le moine découvre son visage. Il s’agit en fait d’Edgar.
Acte 4 Fidélia, croyant Edgar mort, souhaite être enterrée dans son voile de mariée. Mais Frank et Edgar surgissent. Les deux amants s’adonnent alors à leur bonheur retrouvé. Mais Tigrana, cédant à son impulsion vengeresse, poignarde Fidélia. Edgar s’effondre désespéré sur le corps inerte de Fidélia.
Les raisons d’un insuccès lors de la création en 1889 à la Scala de Milan
Un livret qui n’est pas à la hauteur des œuvres futures de Puccini
Le succès triomphal du premier opéra de Puccini Le Villi ,sur un livret de Ferdinando Fontana représenté au Teatro Dal Verme de Milan le 31 mai 1884 et acclamé aussi bien par la presse que par le public, avait marqué les esprits. Le compositeur avait été appelé devant le rideau à 18 reprises !… Ce mémorable triomphe, ainsi que les critiques élogieuses attirèrent l’attention sur le compositeur de l’éditeur Ricordi qui lui passa commande d’un nouvel opéra en l’occurrence Edgar.
Mais l’adaptation du poème dramatique d’Alfred de Musset constituait une mission quasi impossible et Ferdinando Fontana, n’avait pas l’envergure des futurs librettistes de Puccini : Giuseppe Giacosa et Luigi Illica (et plus tard Giuseppe Adami). Si Fontana élagua une bonne partie des figures de style emphatique, il élimina également certaines images expressives, des moments de réflexion ainsi que différents éléments marquant l’atmosphère du drame dont il tira malheureusement un livret relativement faible aussi bien sur le plan poétique que dramatique.
La première d’Edgar (version en 4 actes) représenté à la Scala de Milan le 21 avril 1889 se solda par un échec (nonobstant l’air de Fidélia bissé) et seulement trois représentations. Puccini, quelque peu désespéré, en adressant une version autographe de sa partition à l’une de ses amies, écrivit sur la page de garde : « EDio ti guardi da quest’opera » (en prenant les lettres en gras de cette courte phrase, on reconstitue naturellement le titre de l’opéra Edgar).
Comment ne pas songer a la désastreuse première de Madama Butterfly (à nouveau à la Scala de Milan) en 1904 : un véritable fiasco et le retrait immédiat de l’affiche parce que, là encore, les 2 actes avaient été considérés comme trop longs. Madama Butterfly fit aussi (comme Edgar) l’objet de multiples remaniements par le compositeur.
Puccini homme d’une grande sensibilité et perméable aux considérations des autres – notamment de son entourage, de son éditeur et d’une partie du public – qui trouvaient cet Edgar beaucoup trop long a cru pouvoir résoudre le problème en procédant à une réduction en 3 actes sacrifiant ainsi quasiment tout le quatrième.
Il a fallu attendre l’année Puccini en 2008 (150ème anniversaire de sa naissance) pour que la version en 4 actes soit redécouverte au Teatro Regio de Turin. Incontestablement cette version s’avère plus profonde, plus riche, plus intéressante. Elle donne à l’opéra toute la largeur et la profondeur qu’il mérite. Elle remet les choses en place pour approfondir, comprendre, chercher les couleurs et apprécier les nuances .
Certes une partition qui ne renie pas pour autant les acquis du passé lyrique
Edgar s’avère un opéra « complexe » dans tous les sens du terme sur le plan musical comme sur le texte qu’il faut parvenir à mettre en scène. Il contient une grande diversité de styles qui n’était sans doute pas compréhensible pour son temps.
Pour une partie il semble en effet jeter un regard vers le passé. Le rôle de Fidélia par exemple, est incontestablement écrit sous la forme belcantiste et doit à cet égard être confié à une soprano lyrique qui dispose d’une souplesse dans la voix, afin de faire contraste à la soprano Falcon (dans la version en 3 actes on confiait ce rôle à une mezzo-soprano). C’est dire, outre les aigus puissants, qu’il faut également des graves imposants. Au demeurant, tous les rôles sont jonchés de difficultés et sollicitent des emplois aussi bien larges que pourvues de tessitures longues et à toute épreuve.
Par ailleurs, Puccini écrit pour Frank ici son seul vrai « aria cantabile »développé. (« Questo amor, vergogna mia »). Certes, il y a des passages significatifs pour pareille tessiture chez le compositeur, mais ni Scarpia dans Tosca ni Sharpless dans Madama Butterfly n’ont des airs aussi structurés et développés.
Le chœur se voit attribuer dans cet ouvrage un rôle majeur rappelant les magnifiques ensembles que l’on trouve dans les partitions de Verdi. En outre, chez Puccini il s’agit du seul opéra (exception faite de La Fanciulla del West) où le chœur occupe quasiment en permanence la scène. Sa prestation, parfois en coulisses, annonce le procédé employé pour la cantate du 2ème acte de Tosca.
Néanmoins une musique sans doute trop « moderne » pour son époque
Nonobstant ce regard vers le passé – qui en fait la complexité et la richesse – Edgar est concomitamment un opéra résolument « moderne », surtout aux oreilles des contemporains de cette œuvre. En effet, il ne faut pas oublier la date de sa création : 1889, une époque où Verdi vivait encore !… Or on trouve dans la partition un passage annonciateur de Stravinsky qui ne se révélera que 20 ans plus tard avec L’Oiseau de feu (1910), Petrouchka (1911) et Le Sacre du Printemps (1913).
De même, l’introduction de l’air du ténor au 2e acte « Orgia, chimera d’all’ochio vitreo » (passage chromatique confié aux violoncelles et aux altos) est une prémonition (10 ans avant) de la musique d’Arnold Schönberg dans sa période pré-dodécaphonique.
Par ailleurs, Edgar annonce toutes les œuvres ultérieures de Puccini telles que : Tosca, Madama Butterfly, Le Triptyque, La Fanciulla del West, Turandot et naturellement son troisième opéra Manon Lescaut dont on ne peut que rapprocher le fameux interlude musical de ceux que le compositeur a écrit pour Edgar. A noter également qu’au dernier acte d’Edgar, on entend plusieurs phrases musicales qui seront reprises presque à l’identique dans le duo du 3e acte de Tosca entre Mario Cavaradossi et Floria Tosca lorsque les deux amants évoquent leur -chimérique- bonheur prochain.
Propos de Giuliano Carella à propos de la version d’Edgar en 4 actes
« Habituellement, on travaille toujours à partir tout d’abord du livret. Or avec le respect et l’amour que je porte à Fontana, le livret est ici bien embarrassant. En l’occurrence, eu égard à la faiblesse de celui-ci, j’ai procédé en sens contraire et je suis parti de la musique, superbe, sublime. Je suis en quelque sorte sorti de la « transfiguration ». Au fond, je n’entends pas m’attacher seulement à ce que dit le livret car j’ai en tête une structure musicale très précise. Et c’est justement pour cette raison que la version en quatre actes m’apparaît plus accomplie que celle en trois actes que Puccini s’est ultérieurement contraint à remanier à cause de l’insuccès de l’opéra. Nous avons donc, essayé avec toute notre humilité et également tout notre amour, de remettre en place cette version d’Edgar : la seule œuvre du répertoire opératique ou symphonique de Puccini que je n’avais jamais encore dirigée.
J’ai une tendresse et une passion toute particulière pour cet ouvrage avec un point tout particulier : à la fin des représentations d’Edgar je pourrai dire que j’ai dirigé tout Puccini, un compositeur qui me fascine par son langage sa sensibilité, sa maîtrise.
On peut s’interroger sur les raisons pour lesquelles cet opéra est si peu représenté car pour ma part je considère Edgar comme un chef d’œuvre absolu ».1
La mise en scène de Nicola Raab : une transposition dans les années 1940
Pour la metteuse en scène Nicola Raab 2 il y a le choix d’un temps. Initialement l’œuvre se déroule dans les Flandres au 14ème siècle et il lui paraissait préférable de se rapprocher d’une époque plus récente davantage propice à nous parler : celle les années 1940, afin de mieux comprendre le destin des protagonistes.
Mais il y a surtout un endroit précis : un village peuplé d’habitants avec des séquences écrites pour des chœurs sur scène et hors scène. Il s’agit d’une société dont Tigrana fait partie tout comme Fidélia. Frank dans son air raconte le passé : celui d’une enfant abandonnée par les gens du voyage. Le village ne l’a pas rejeté et elle y a été intégré. Mais Tigrana se veut femme indépendante qui vit en marge de la société de ce village et qui ne se conforme pas à celle-ci même si elle parait se comporter comme tous les habitants (L’interprétation qu’on peut en faire demeure ouverte).
La décision d’une société de prendre en charge (et de prendre soin) d’un enfant vaut pour le futur. Edgar, qui lui en fait partie intégrante de par sa naissance, prend le parti de rejeter cette société et il devient (lui-même) étranger. Avec Tigrana il s’en exclut et s’exile mais pour autant cela ne le comble pas et il oscille entre deux destins. De retour dans le village, il va chercher une autre existence.
L’arbre s’inscrit dans l’argument : Fidélia en parle et elle a cueilli un branche fleurissante de l’amandier qu’elle va donner à Edgar en gage d’amour.
Par contraste la pluie qui tombe sur le protagoniste désormais seul à l’épilogue renvoie une autre image : celle d’un Edgar incapable de résoudre le dualisme qu’il porte en lui. Il est la cause de ce drame et demeure, in fine, prisonnier de sa tristesse et de sa mélancolie. A la fin rien n’est résolu pour lui. L’homme qui va repartir sur la route du destin demeure seul.
Tigrana évoque dans le texte « l’agneau et l’aigle ». C’est elle qui commet l’acte de meurtre mais qui, en conclusion, est la véritable victime ?
Edgar est un homme entre deux femmes, qui créé la situation propre à l’intrigue. On peut relire la nouvelle La coupe et les lèvres, transposition littéraire de la vie de Musset écartelé entre Georges Sand et d’autres femmes. Edgar est le prototype d’ d’« un homme malgré soi », portant en lui un dualisme impossible à résoudre, le plongeant dans une situation « d’oscillement » entre deux modes de vie représentés par les deux femmes.
Une distribution composée de vedettes réputées de l’art lyrique
Il faut chaleureusement féliciter l’Opéra de Nice et son Directeur Bertrand Rossi d’avoir choisi cet ouvrage de Puccini quasi inconnu, pour l’ouverture de sa saison 2024/2025. Beaucoup de théâtres se sont contentés en cette année du centième anniversaire de la disparition du compositeur, d’afficher ses œuvres les plus connues comme La Bohème, Tosca ou Madame Butterfly. Oser afficher Edgar, est en soi un évènement d’autant plus que la version en 4 actes était naturellement inconnue en France. Il s’agit d’une coproduction entre l’Opéra de Nice, le Teatro Regio de Turin et l’Opéra National de Lorraine, mais c’est bien l’Opéra de Nice qui a tiré en premier et c’est naturellement une grande satisfaction pour la capitale azuréenne !
Beaucoup d’atouts pour cette production avec tout d’abord une direction musicale fulgurante autant que superbe de Giuliano Carella qui, comme indiqué ci-dessus, aura avec cet ouvrage dirigé tout Puccini, qu’il s’agisse de ses œuvres symphoniques ou de ses œuvres lyriques. On comprend en contemplant sa direction si précise et si passionnée qu’il soit reconnu comme l’un des éminents interprètes du maître de Lucques. Sous sa direction chaleureuse et inspirée, l’Orchestre de Nice s’est véritablement transcendé.
La mise en scène de l’allemande Nicolas Raab se révèle relativement classique et parfaitement lisible, ce qui semble indispensable pour une œuvre inconnue du public. Le décor unique (Georges Souglides) fait de grands panneaux représentant la place du village, est tout à fait adéquat et peut, grâce aux lumières (Giuseppe di Iorio) et aux projections, se transformer à l’acte 2 en un lieu de plaisirs (voire de débauche) avec un imposant lustre de théâtre au lointain. La transposition au début du vingtième siècle nous paraît pertinente (elle avait été d’ailleurs également adoptée par Lorenzo Mariani dans la production en 4 actes de l’opéra au Théâtre Regio de Turin en 2008 à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Puccini).
On est également heureux d’entendre une distribution de si haut niveau pour les quatre principaux protagonistes qui sont tous des vedettes reconnues et à l’affiche de théâtres réputés.
Ekaterina Bakanova, nantie de 12 prestigieux prix internationaux (et qui s’est produite entre autres à Londres, aux Arènes de Vérone, à Barcelone, Genève, Rome, Vienne, Berlin, Zurich, Venise,Turin…) incarne une pure et attachante Fidélia, déployant une voix de soprano lyrique claire, nuancée et puissante faisant preuve d’un pathos exceptionnel lors de la grande scène de l’acte 3 où elle pleure son amour qu’elle croit disparu, lui jurant une éternelle fidélité et prenant sa défense lors du réquisitoire du moine sous la bure de laquelle se dissimule Edgar. Une véritable leçon de chant tant l’expressivité mais aussi la qualité vocale sont ici, souveraines.
Valentina Boi (affichée régulièrement à Torre del Lago, Gènes, Vérone, Bologne, Parme, Milan) affronte les difficultés du rôle de Tigrana lequel exige une véritable voix de Falcon (dans la version en 3 actes le rôle est dévolu à une mezzo-soprano), elle possède cette ampleur nécessaire pour assurer pareil emploi. D’ailleurs pour elle comme pour ses partenaires nous pouvons constater que chacun des rôles de cet opéra nécessite dans le haut de la tessiture une largeur de voix considérable et parfois des aigus qui relèvent d’un emploi dramatique conséquent.
Lui aussi nanti d’une carrière sur les scènes internationales et plus particulièrement dans les grands théâtres italiens, Stefano La Colla trouve en Edgar un rôle taillé exactement à sa mesure pour un timbre d’une latinité ensoleillée, une diction mordante, un phrasé de qualité, et un aigu vaillant. Il assure une véritable performance pendant les 4 actes et n’oublions pas qu’en longueur Edgar vaut au moins deux Cavaradossi dans Tosca et que l’œuvre dure près de 3 heures !
Enfin, quel plaisir de retrouver l’un des artistes les plus prisés du répertoire lyrique, en l’occurrence Dalibor Jenis qui avait, il y deux années, incarné Macbeth dans la production de l’Opéra de Nice mise en scène Daniel Benoin. Le baryton slovaque fait preuve, en la circonstance, d’un art du chant consommé, doublé d’un timbre chaud et d’une conduite de voix parfaite.
Saluons encore Giovanni Furlanetto adéquatement digne dans le rôle de Gualtiero, père de Fidélia et de Frank dont il donne une interprétation émouvante et parfaitement crédible.
Enfin, comment ne pas rendre un hommage appuyé au chœur de l’Opéra de Nice renforcé à l’occasion par quelques éléments complémentaires, car cet ouvrage nécessite une participation particulièrement importante de choristes ( sans oublier le chœur d’enfants de l’Opéra de Nice) . Ceux-ci firent preuve d’un engagement remarquable. Ils constituèrent également l’un des points essentiels et contributifs de cette magnifique production qui fera incontestablement date dans les annales de l’Opéra de Nice.
Christian Jarniat
8 novembre 2024
1 Propos recueillis lors du « Face à Face » avec le public (animé par André Peyrègne) le 7 novembre 2024
2 Nicola Raab avait déjà collaboré avec Giuliano Carella pour Francesca da Rimini de Zandonai à l’Opéra du Rhin.
Direction musicale : Giuliano Carella
Mise en scène : Nicola Raab
Décors et costumes : Georges Souglides
Lumières : Giuseppe di Iorio
Distribution :
Edgar : Stefano La Colla
Frank : DaliborJenis
Fidelia : Ekaterina Bakanova
Tigrana : Valentina Boi
Gualtiero : Giovanni Furlanetto
Orchestre Philharmonique de Nice
Chœur de l’Opéra de Nice
Chœur d’enfants de l’Opéra de Nice