Logo-Resonances-Lyriques
Menu
Concert de Ramón Vargas Opéra Grand Avignon, le 19 octobre 2024

Concert de Ramón Vargas Opéra Grand Avignon, le 19 octobre 2024

samedi 19 octobre 2024

©Adolfo Perez Butron

Même s’il s’est déjà produit dans la région – on pense en particulier aux Chorégies d’Orange (Un ballo in maschera en 2013) et à l’Opéra de Marseille (Giovanna d’Arco en 2022) –, il s’agit bien ce soir de la première apparition du ténor Ramón Vargas sur la scène de l’Opéra Grand Avignon. Le concert, en coréalisation avec l’Orchestre national Avignon-Provence, le Consulat Général d’Italie à Marseille et Petit Palais Diffusion, est donné dans le cadre de la semaine italienne d’Avignon « Bella Italia ». C’est donc tout logiquement que le programme déroule des pages choisies parmi les compositions de Verdi, Donizetti, Mascagni, Cilea, Puccini, en équilibrant entre les trois parties : symphonique, chorale et airs pour ténor.

Au pupitre, le chef Giulio Prandi est plutôt familier du répertoire baroque et cela s’entend dans l’Ouverture de Nabucco qui entame les débats : après les premiers cuivres seuls et solennels, la direction est précise, le chef s’attache aux détails des pages les plus délicates et maintient en permanence l’orchestre sous contrôle en termes de décibels. On n’assiste donc pas à un déchainement orchestral, ce qui sert au mieux les choristes placés en fond de plateau et ainsi défavorisés pour ce qui concerne leur puissance acoustique vers l’auditoire.

25S270 090087 i 1
Crédit photos Studio Delestrade – Avignon

Les passages retenus sont parmi les plus légers, en premier lieu “Patria oppressa” extrait de Macbeth, qui fait valoir une belle qualité collective, aussi bien pour l’ensemble, que par pupitres séparés, en particulier pour les femmes. Il faut dire que le chef de chœur Alan Woodbridge, en poste à Avignon depuis le 1er janvier 2024, est une pointure, précédemment chef de chœur de l’Opéra national de Lyon, puis chef des chœurs du Grand Théâtre de Genève. Les satisfactions se confirment en seconde partie avec le chœur des esclaves “Va pensiero”, tiré de Nabucco, qui s’éteint doucement à la manière du “Coro a bocca chiusa” de Madama Butterfly un peu plus tard. Pour revenir à la première partie, après un prélude de Lucia di Lammermoor sensiblement lent, le plus vigoureux chœur introductif “Percorrete le spiagge vicine “donne une meilleure allure à l’ensemble. Les choristes masculins ont été intelligemment répartis dans les premières loges d’avant-scène, le ténor Cyril Héritier valorisant avec satisfaction les petites interventions de Normanno.

25S270 090091 i 1
Crédit photos Studio Delestrade – Avignon

Quant au ténor Ramón Vargas, il a choisi un programme plutôt relevé d’airs d’opéras, passés les deux premiers extraits tirés des Huit romances pour ténor et orchestre de Giuseppe Verdi, arrangées par Luciano Berio. La première “In solitaria stanza”, sollicite beaucoup la moitié inférieure du registre, certes correctement exprimée par le ténor mexicain, mais moins confortable que la zone médiane. On reconnaît un thème de l’air de Leonora du Trovatore, passage qui le fait davantage monter dans l’aigu, où l’instrument s’épanouit davantage en volume et stabilité. La deuxième romance “L’esule” est une longue composition, véritable air d’opéra construit en cantilène, cabalette avec reprise, où le chant montre son brillant.

On passe à l’opéra ensuite avec l’air “Angelo casto e bel”, tiré de l’ouvrage inachevé Il Duca d’Alba de Donizetti, pour nous le sommet de la soirée. La voix est splendide à cet instant, d’un aigu ferme projeté avec vaillance, sur un style soigné et développé sur un long souffle et sans vibrato excessif. “Una furtiva lagrima” (L’elisir d’amore) qui enchaîne montre également de superbes intentions, de mezza voce en particulier, mais la ligne musicale est alors sujette à de petites fragilités d’intonation. L’interprète termine l’air en voix de tête, en gérant au mieux les petits caprices de l’instrument.

25S270 090138 i 1
Crédit photos Studio Delestrade – Avignon

“La mia letizia infondere” (I Lombardi) en seconde partie est un air qui lui convient bien mieux, où l’on apprécie la clarté du texte et de la voix. Puis, après un interlude plein de souffle de Cavalleria Rusticana, on redoute, a priori, le très éthéré “Lamento di Federico”, tiré de l’Arlesiana de Cilea. Mais cet extrait est chanté ici de manière plutôt lyrique, sans pianissimo particulier, l’interprète y mettant une dose indéniable d’émotion, tout autant que le premier violon de Cordélia Palm. Les deux grands airs pour ténor de Tosca concluent le programme, “Recondita armonia” et “E lucevan le stelle” bien conduits et aux aigus stables et tenus, même si on peut se demander si Cavaradossi convient réellement aux moyens de Ramón Vargas.

Un air de la rare Fedora de Giordano est accordé en bis, soit “Amor ti vieta, tout de même l’un des chevaux de bataille de nombreux ténors. La ligne redevient un peu tendue, avec une certaine dureté pour quelques notes. Puis l’habituel brindisi “Libiamo” de La Traviata met un point final au concert, le ténor mexicain donnant la réplique à une soprano choriste dotée d’une voix qui porte et suffisamment souple pour l’agilité de la partition.

C’était l’occasions d’entendre aujourd’hui Ramón Vargas en France, ténor de 64 ans à l’heure actuelle et plutôt en dernière partie d’une magnifique carrière internationale.

Irma FOLETTI
19 octobre 2014

Ténor : Ramón Vargas
Direction musicale : Giulio Prandi

Orchestre national Avignon-Provence
Chœur de l’Opéra Grand Avignon
Chef de Chœur : Alan Woodbridge

Œuvres de Giuseppe Verdi, Giacomo Puccini, Gaetano Donizetti…

Imprimer
Cookies
Nous utilisons des cookies. Vous pouvez configurer ou refuser les cookies dans votre navigateur. Vous pouvez aussi accepter tous les cookies en cliquant sur le bouton « Accepter tous les cookies ». Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre Politique de confidentialité et des cookies.