On ne se lasse pas d’entendre le violoniste Daniel Lozakovich. Année après année, il nous ravit à Monaco. Comme nous tous, il prend de l’âge. Mais il a beau vieillir il n’a que… 23 ans ! Et déjà une magnifique carrière internationale. Dans le monde des violonistes, il est difficile de trouver quelqu’un qui a un son plus fin que lui. Chacune de ses notes a une couleur d’aurore. Chacun de ses traits est un rayon de soleil.
Son interprétation du 2e Concerto de Prokofikev a soulevé la salle. Ah, cette émotion dans le début du deuxième mouvement ! Et ce feu d’artifice dans le final !
Il était brillamment accompagné par un chef d’orchestre, Lio Kuokman, qui venait d’un pays peu fournisseur en musiciens classiques : Macao.
En première partie du concert ce chef sut mettre en évidence tous les caractères humoristiques, caustiques, ironiques de la 9e Symphonie de Chostakovitch. On y apprécia en particulier les solos du violoniste David Lefèvre et du bassoniste Arthur Menrath. Mais c’est surtout dans les Tableaux d’une exposition de Moussorgsky orchestrés par Ravel que ce chef déploya son talent. Il accentuait à plaisir les contrastes chromatiques de cette musique toute en couleurs, insistant ici sur un accent, là sur un crescendo, ailleurs sur une envolée, ailleurs encore sur un ralenti ou un accelerando. L’orchestre monégasque fut grandiose, atteignant un sommet dans la Grande porte de Kiev, page somptueuse où retentissent les cloches et les coups de cymbales. Tous les solistes se distinguèrent, parmi lesquels le saxophoniste François Leclaircie, le trompettiste Matthias Persson, le tubiste Florian Weilsgosik.
L’orchestre fut excellent sur tous les tableaux – ceux de Moussorgsky et les autres !
André PEYREGNE
13 octobre 2024