Déjà 50 ans que le Festival, contre vents et marées, poursuit son chemin dans cette magnifique ville de Martina Franca dans la région des Pouilles, où la création de cette manifestation à ses débuts, paraissait incertaine, mais qui grâce à ses directeurs successifs Paolo Grassi, Rodolfo Celletti, Sergio Segalini, Alberto Triola et actuellement Sebastian Schwartz, a su se forger une position de choix dans la planète des festivals lyriques.
Ouvre la manifestation la Norma de Bellini dans la cour du Palazzo Ducale, en souvenir de l’un de ses spectacles les plus mémorables, la Norma de 1977 avec Grâce Bumbry (Norma) et Lella Cuberly (Adalgisa), lorsque le directeur artistique de l’époque, Rodolfo Celletti, avait décidé pour la première fois à l’époque moderne, de confier le rôle d’Adalgisa à une soprano et non à une mezzo-soprano.
A la direction de l’Orchestre et du Chœur du Teatro Petruzzelli, le directeur musical du Festival Fabio Luisi délivre une lecture très raffinée de l’œuvre mais qui est exempte d’ un supplément d’émotion, de tout élan d’exaltation qui vous prendrait aux tripes.
La mise en scène de la réalisatrice Nicola Raab est très épurée, au point qu’on se demande si une version de concert n’aurait pas fait l’affaire.
Une paroi fissurée dans des tons orangés est installée au milieu de la scène, sur laquelle sont projetées des vidéos, un majestueux chêne pour signifier la forêt sacrée d’Irminsul et des flammes pour le finale. Dans ce décor unique de Leila Fteita, deux ouvertures permettent aux artistes de faire leurs entrées. Signant aussi les costumes de style néoclassique dans leur forme, quelque peu kitschs et confectionnés dans le même tissu gaufré de différentes couleurs, à se demander si la créatrice n’a pas eu un lot en promotion !
Les choristes sont relégués dans les deux grandes cages techniques latérales qui encadrent la scène, d’où quelques petits décalages de coordination, ils apparaissent sur la scène dans leur tenue de concert à quelques reprises, sauf pour le finale du 1er acte où nous les retrouvons en fond de cour, derrière nous, ils nous surprennent et surtout ils nous empêchent de goûter à la musique et à l’aigu de Norma.
Côté chanteurs, dans le rôle éponyme Jaquelyn Wagner est une Norma à la voix puissante, bien exprimée et aux aigus assurés, aux côtés de l’Adalgisa de Valentina Farcas plus aérienne et délicate. Les duos des deux interprètes sont des beaux moments élégiaques.
Le volage Pollione est interprété par Airam Hernández que nous avions déjà vu dans cet emploi dans la série de Norma à Toulouse en 2020. Le ténor aux belles allures de Romain infidèle, fournit une prestation solide à la voix claire et à la technique sûre malgré quelques aigus émis avec précaution.
Complètent favorablement le cast Goran Jurić (Oroveso), Saori Sugiyama (Clotilde) et Zachary McCulloch (Flavio).
Irma FOLETTI
28 juillet 2024
Direttore Fabio Luisi
Regia Nicola Raab
Scene e costumi Leila Fteita
Light Design Pietro Sperduti
Norma Jacquelyn Wagner
Adalgisa Valentina Farcas
Pollione Airam Hernández
Oroveso Goran Jurić
Clotilde Saori Sugiyama
Flavio Zachary McCulloch
Orchestre et Chœur du Théâtre Petruzzelli de Bari
Chef des Chœurs Marco Medved