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39ème Festival de Radio France Occitanie Montpellier Un Stabat Mater porté aux cieux…

39ème Festival de Radio France Occitanie Montpellier Un Stabat Mater porté aux cieux…

mercredi 17 juillet 2024

©MARC GINOT

Devant une salle du Corum enthousiaste au point d’obtenir de la cheffe d’orchestre, la captivante Clelia Cafiero, le bis du célèbre quartetto Sancta mater istud agas, le Stabat Mater de Rossini a confirmé, s’il en était besoin, que s’il n’est pas la pièce la plus sacrée de la musique religieuse, il demeure, par contre, comme son compositeur se plaisait à le dire non sans malice, de la sacrée musique !

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©MARC GINOT

Œuvre tardive du « cygne de Pesaro », créée triomphalement dans sa version définitive à Paris, au Théâtre-Italien, en 1842, avec un quatuor d’exception (Grisi, Albertazzi, Mario, Tamburini), le Stabat Mater est une œuvre où la mise en relief des contrastes à l’orchestre, parmi les pupitres du chœur et chez les quatre solistes constitue une impérieuse nécessité. En sortant de cette passionnante exécution, on se réjouissait d’avoir eu l’oreille à la fête !

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©MARC GINOT

Dès les premières mesures de la somptueuse introduction orchestrale, avec ses pianissimi éthérés, on est saisi par ce sens du climat dramatique et d’une élévation pleine de retenue que la maestra Clelia Cafiero sait insuffler à l’orchestre national Montpellier Occitanie. Ici, pas d’obscurité malvenue ni d’effets spectaculaires hors de propos : Rossini n’a pas besoin de cela pour faire entendre la douleur de la mère au pied de la croix. De même, la direction de la cheffe napolitaine, désormais dans une trajectoire ascendante auprès de nombreuses scènes internationales, ne tombe jamais dans le piège de l’opératique, là où certains moments (l’aria du ténor, le duetto soprano-mezzo, l’Inflammatus soprano-chœur) pourraient s’y prêter. C’est d’autant plus remarquable que le quatuor vocal est, dans l’ensemble, particulièrement familier du répertoire lyrique ! Forte d’un travail de fond avec la phalange conduite, Clelia Cafiero parvient à dégager une construction architecturale de belle facture, pouvant compter dans son projet sur un chœur de l’Opéra national de Montpellier (cheffe de chœur Noëlle Gény) renforcé, pour l’occasion, par le chœur du Capitole de Toulouse (direction Gabriel Bourgoin) tous deux en grande forme et à la projection vocale impeccable de compréhension : la couleur vocale trouvée pour cet ensemble fait ainsi merveille, en particulier dans la fugue finale – d’un équilibre orchestre/voix admirable – où les chœurs entrent totalement dans la conception du chef et de ses variations de tempi.

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©MARC GINOT

Jeune ténor munichois au parcours international déjà saisissant, Magnus Dietrich emporte l’adhésion par sa finesse d’expression et sa musicalité sans faille. Avec lui, aucun risque de confondre les accents de son aria fameuse Cujus animam gementem, propice aux si et autres ré bémol solaires – et, ce soir, d’une projection parfaite – avec l’un de ces airs de bravoure dont Rossini nous a donné maints exemples !

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On ne sera pas étonné de lire que Michele Pertusi, l’une des plus authentiques basses rossiniennes du dernier siècle, est toujours en capacité de délivrer une véritable leçon de chant dans un Pro peccatis suae gentis à la trille étonnante et au chant de grande classe, tout comme dans le Recitativo qui suivra, si techniquement périlleux dans ses descentes dans le grave extrême où le chanteur parmesan est d’une définitive précision.

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©MARC GINOT

Heureuse surprise, en ce qui nous concerne, que celle de Gaëlle Arquez qui, dans cette partie de mezzo-soprano colorature où Rossini se souvient indéniablement d’une typologie vocale à laquelle il a donné de si illustres rôles, est totalement dans son élément et nous délivre quelques très beaux moments, en particulier une poétique cavatine Fac ut portem au parfait legato et un quartetto Sancta Mater, istud agas où la trille et la vigueur qu’il convient d’avoir sont magnifiquement au rendez-vous !

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©MARC GINOT

On est, en revanche, bien moins enthousiaste sur la prestation, ce soir, de Pretty Yende, la soprano sud-africaine donnant souvent l’impression de ne pas maîtriser la précision indispensable ici, et ce dès le duo avec la mezzo, Quis est homo, où la voix semble, en outre, rapidement plafonner dans les aigus. Il en résultera un Inflammatus – l’un des moments pourtant attendus du Stabat ! – bien timide et, selon nous, peu concerné.

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©MARC GINOT

Comme nous l’écrivions en introduction, c’est sans doute avec le quartetto, à l’homogénéité vocale parfaitement dosée, que la direction captivante de la maestra Cafiero, ici authentique chef de chant – un métier qu’elle a bien connu par le passé -, achève de nous persuader de la grande qualité de cette soirée enthousiasmante.

Hervé Casini
17 juillet 2024

Les artistes 

Pretty Yende, soprano
Gaëlle Arquez, mezzo-soprano
Magnus Dietrich, ténor
Michele Pertusi, basse

Orchestre national Montpellier Occitanie
Chœur de l’Opéra national de Montpellier (cheffe de chœur Noëlle Gény)
Chœur de l’Opéra national du Capitole de Toulouse (direction Gabriel Bourgoin)
Direction : Clelia Cafiero

Le programme 

Gioacchino Rossini (1792-1868) Stabat Mater. Crée dans sa version définitive au Théâtre-Italien, Paris, le 7 janvier 1842.

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