Se laisser surprendre ! Telle est la devise cette année de l’Opéra de Nice et de son directeur général Bertrand Rossi. C’est ainsi que le public en pénétrant dans le hall découvre des Harley Davidson rutilantes. Puis en gravissant l’escalier monumental, des musiques, des frémissements sont perceptibles. Le spectacle a-t-il déjà commencé ? Et bien oui, en partie. Un animateur et deux « pin-up » aux robes arborant la célèbre Betty Boop déambulent à l’orchestre, interviewant le public avec une reprise sur écran géant au dessus de la scène ouverte.
Crée le 21 septembre 2018 dans le cadre du Festival Musica de Strasbourg, puis repris 30 septembre 2018 à la Salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris, 200 Motels The Suites débarque à Nice.
Fresque musico-théâtrale sur une musique et un texte de Frank Zappa, dans une version scénique établie par Antoine Gindt et Elodie Brémaud 200 Motels The suites nous raconte la fin d’une longue tournée dans l’Amérique profonde d’un groupe de musiciens excentriques qui débarque à Centerville pour son dernier concert, principalement destiné à financer les billets de retour vers Los Angeles. Ils sont les invités d’une émission de télévision durant laquelle l’animateur, affublé de deux animatrices, entreprend de les présenter au public local. De péripéties en quiproquos, l’émission dérape et dévoile les véritables intentions du compositeur, mais aussi les comportements bizarres des musiciens et de tous les personnages présents dans le studio.
Compositeur, musicien, guitariste, cinéaste, producteur et satiriste, Frank Zappa est un artiste des plus inclassables. Ses premiers essais, il les réalise avec son groupe The Mothers of Invention1, qu’il crée en 1964.Une sorte de consécration ultime aura lieu le 9 janvier 1984 pour Zappa, quand Pierre Boulez et son Ensemble intercontemporain jouent trois de ses pièces avant d’enregistrer l’album Boulez Conducts Zappa : The Perfect Stranger, qui paraîtra fin 1984.
Comme le disait Antoine Gindt lors de la création française de cette œuvre, « Zappa recourt à un arsenal musical inédit alors : la pop bien sûr, le musical américain ou la musique de film, et toute la panoplie savante symphonique et chorale qui balaie le XXème siècle d’un grand geste transatlantique : on y entend les réminiscence de Varèse (Ionisation ou Arcana), celles du Concerto à la mémoire d’un ange de Berg, les angoissantes cordes de Hermann ou les saillies dodécaphoniques des années cinquante, l’aléatoire à la John Cage ou la superposition à la Charles Ives. Le chant juxtapose voix lyrique, capharnaüm bavard et chansons de music-hall avec cette couleur si étrange de la pop américaine qui fait passer sans cesse le chant du timbre au falsetto, de la note au cri. »
Présents sur scène l’orchestre philharmonique de Nice sous la baguette complice de Léo Warynski, les Percussions de Strasbourg, le groupe Headshakers, les choristes de l’Opéra de Nice, les solistes, tous évoluent dans un ballet déambulatoire mis en mouvement par Sophie Trouche, s’aventurant parmi les spectateurs, parfois défilant dans les allées de l’orchestre, parfois filmés en direct dans les couloirs de l’Opéra et même jusque dans le bureau de son directeur.
Zappa se moque de ce milieu de musiciens allant de motels en motels, dans l’ennui et l’alcool, les sandwiches au thon (sorte de leitmotivs de l’ouvrage) et les filles faciles. Les paroles sont scabreuses comme certaines scènes, mais stigmatisent cette Amérique de carte postale des années 70.
On ne peut que citer dans une même louange les solistes comédiens et chanteurs hors pairs, dont Lionel Peintre, déjà présent à la création en animateur TV (Cowboy Burt), et le reste de distribution réunissant Émily Rose Bry, Janet (La journaliste), Pauline Descamps, Lucy (Donovan), Dominic Gould, Frank (Larry the Dwarf / Jeff, déjà présent également à la création), Mark Van Arsdale (Mark), Jonathan Boyd (Howard), et La soprano solo Mélanie Boisvertet (déjà présente également à la création), Guillaume Dussau en Rance (Ginger).
Une œuvre qui ne laisse pas indifférent, d’ailleurs le public, venu en nombre, a réservé un accueil enthousiaste à l’ensemble des artistes et des musiciens.
Catherine Pellegrin
1er décembre 2023
Distribution :
Direction musicale Léo Warynski
Mise en scène Antoine Gindt
Dramaturgie et collaboration à la mise en scène Elodie Brémaud
Décors Élise Capdenat
Costumes Fanny Brouste
Réalisation vidéo Philippe Beziat reprise par Julien Ravoux
Lumières Daniel Lévy
Script Alice Lockwood
Son Dominique Bataille
Mouvements Sophie Peretti-Trouche
Conseillère artistique Melcha Coder
L’Animateur TV (Cowboy Burt) Lionel Peintre
Janet (La journaliste) Émily Rose Bry
Lucy (Donovan) Pauline Descamps
Frank (Larry the Dwarf / Jeff) Dominic Gould
Mark Mark Van Arsdale
Howard Jonathan Boyd
La soprano solo Mélanie Boisvert
Rance (Ginger) Guillaume Dussau
Les Percussions de Strasbourg
The Headshakers
Orchestre Philharmonique de Nice
Chœur de l’Opéra Nice Côte d’Azur
Stagiaire mise en scène Pavel Dragas
Cadreurs Thomas Gillot, NN
Assistant direction musicale Frédéric Deloche
Directeur du Choeur Giulio Magnanini
Chefs de chant Sébastien Driant, Thibaud Epp
Régisseur général Clovis Bonnaud
Régisseuse de scène Clémence Petiot